Rendu ou vendu?
Le porte-parole du mouvement Ansar Dine, Sanda Ould Bouamama (alias Abou Mohamed), s’est rendu, le samedi 18 mai, aux forces mauritaniennes à proximité de la frontière avec le Mali.
Sanda Ould Bouamama (alias Abou Mohamed) a été transféré à Nouakchott où il a été interrogé par la police.
Le mois dernier, Ould Bouamama avait déclaré qu’il se trouvait à proximité de la frontière séparant le Mali et l’Algérie et qu’il se préparait à se rendre aux autorités algériennes.
« On s’attendait à cette reddition depuis plusieurs semaines car le porte-parole d’Ansar Dine avait exprimé le 17 avril dernier son désir de se rendre aux forces algériennes et supplié le président mauritanien de demander son extradition pour être jugé en Mauritanie. Depuis le début de l’intervention française au Mali, c’est le sauve-qui-peut au niveau des groupes terroristes », explique le spécialiste du terrorisme Sidati Ould Cheikh.
Le 19 avril, El Watan avait rapporté que 3 dirigeants d’Ansar Dine avaient d’ores et déjà trouvé refuge en Algérie. Il s’agissait de l’émir Wathik, de son vrai nom Abderrahman Gouli, de l’émir Abou Abida, alias Mourabiti Ben Moula, et d’Athman Ag Houdi, un cousin de Iyad Ag Ghali, chef d’Ansar Dine.
Même si l’Algérie a démenti les rumeurs affirmant que ces chefs d’Ansar Dine avaient cherché à se réfugier dans le pays, El Watan avait pour sa part souligné que d’autres membres issus de ce groupuscule pourraient chercher à se rendre.
« L’Algérie est fidèle à ses principes en ce qui concerne sa politique étrangère, basée sur le respect de la légitimité. Elle continuera à apporter sa contribution afin d’installer la paix et la sécurité dans la région et particulièrement au Mali en travaillant étroitement sur la base de la légitimité internationale« , avait déclaré le 21 avril à l’APS le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani.
« La reddition de Sanda fait suite à une intervention des notables de sa tribu, les Barabiches qui ont négocié avec le pouvoir mauritanien ; des négociations qui se sont étalées sur près d’un mois« , explique le journaliste Jidou Ould Sidi.
Cette délégation de notables « a accompagné une force spéciale mauritanienne dans une localité situé à l’intérieur du territoire malien, à une trentaine de kilomètres de la frontière mauritanienne« , poursuit-il. Là, « Senda a remis son arme, son véhicule, ses téléphones portables et s’est livré lui-même, sans résistance« .
Il a été conduit à Bassiknou puis transféré à Nouakchott à bord d’un avion militaire, selon Ould Sidi. « Tout porte à croire que Sanda sera très coopératif avec les enquêteurs. Les mauritaniens tiennent entre les mains une véritable mine d’informations« , note-t-il.
Ould Boumama est originaire de la ville de Bassiknou, en Mauritanie, où se trouvent sa famille et le commerce dont il est propriétaire. Il a fait ses études à l’université de Nouakchott. Il était réputé pour son intransigeance.
« L’application de la charia est une obligation divine pour tout musulman. Que cela choque certains n’est pas notre souci. Nous sommes déjà un Émirat islamique, et l’Afghanistan des talibans est notre modèle« , avait-il déclaré au quotidien français Sud-Ouest au mois d’août dernier.