Amores de Comores!
Le spectacle au Centre culturel français de Dakar que la chanteuse française d’origine comorienne, Imany, appréhendait comme un « vrai challenge », a été un moment de communion entre l’artiste et un public attentif à la douceur de sa voix et à la force de ses mots.
Les notes de guitare de Stéphane Goldman donnent, à 21 heures précises, le ton pour une soirée qui a été, selon les propres mots d’Imany, « une version plus intime » d’un concert donné au même endroit il y a un peu plus de deux ans. De fait, le public a senti, dans les propos de l’artiste, toute la joie que celle-ci a de se retrouver dans la capitale sénégalaise.
Apparue sous la lumière tamisée du théâtre de verdure, dans une robe qui rappelle si bien son passé de mannequin, Imany a aussitôt enchaîné avec le morceau « I Lost My Keys », montrant tout de suite qu’elle sait faire tout ce qu’elle veut de sa rauque et chaleureuse voix.
Après « Kisses In The Dark », elle chante « You Will Never Know » dont le refrain est repris en chœur par le public déjà habitué au single. Imany a essentiellement repris les morceaux de son album « The Shape Of A Broken Heart » (Think Zik, 2011), produit par Malick Ndiaye.
Les mélomanes venus à sa rencontre se sont laissé bercer par les mélodies d’une chanteuse qui raconte des histoires humaines, parle d’amour – vécu, perdu, retrouvé ou souhaité -, dit son espoir de voir un monde plus solidaire, plus généreux. Tout en faisant apprécier son sens de l’humour.
Le partage est au cœur de la démarche artistique d’Imany qui, après cinq titres joués avec son guitariste, appelle sur scène Fadda Freddy de Daara-J Family. En donnant la réplique à Imany, le musicien sénégalais donne en même temps un avant-goût de son prochain album. Et quand les deux voix se mêlent pour s’élever dans le ciel de l’Institut français, on a cette sensation forte de n’en entendre qu’une.
Si le décor du spectacle dakarois d’Imany est d’une belle simplicité, le contenu, lui, est dense. On a affaire à une artiste soucieuse de proposer à son public sa maîtrise de son expression corporelle, en plus de sa voix qui est en réalité un vrai instrument. Elle fait dessiner à ses bras des arabesques d’une danse dont les ressorts se trouvent certainement dans sa culture comorienne.
Les Comores, justement, se trouvent au cœur du titre « Take Care », chanté en anglais et en comorien. Puis, comme pour passer à une vitesse supérieure, Imany demande au public de lui montrer son groove. Il n’en fallait pas plus pour faire se lever comme d’un coup des spectateurs certes très présents jusque là, mais tout juste calés confortablement dans leurs chaises.
« I’ve Gotta Go » (Je dois partir) est le morceau choisi par Imany et son guitariste Stéphane Goldman pour dire au revoir aux Dakarois venus les voir mercredi soir, mais c’était sans compter le souci de séduire de l’artiste et l’envie du public d’en avoir plein les oreilles.
Ainsi il fallait bien un rappel de deux titres. Le premier, « The Shape Of A Broken Heart », mélancolie bien choisie pour parler d’amour mais surtout d’espoir. Partant du cas de sa grand-mère qui a perdu tous ses enfants à bas âge, elle refuse de se plier à ce que beaucoup d’autres à sa place prendraient comme une fatalité. Touchant !
Preuve finale que le défi de séduire le public de l’Institut français a été pleinement relevé : à la sortie du concert, de nombreux spectateurs sont repartis avec l’album « The Shape Of A Broken Heart ».