Aïe! Aïe! Iya…ïe!
Le président de la Fécafoot a été interpellé très tôt, lundi 10 juin matin au Hilton Hotel et conduit dans les locaux du secrétariat d’Etat à la Défense.
Iya Mohammed est gardé à vue, depuis lundi 10 juin, dans les locaux du secrétariat d’Etat à la Défense (Sed) en charge de la gendarmerie. Le président de la Fécafoot a en effet été interpellé depuis sa suite du 8ème étage du Hilton Hotel de Yaoundé, où il venait de prendre ses quartiers. Il avait débarqué à l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen vers 3h du matin, d’un vol en provenance de Lomé où les Lions indomptables venaient de subir une cuisante défaite face Eperviers du Togo.
C’est vers 6h, et alors qu’il n’avait pas encore défait ses valises, que des éléments d’un commando mixte composé de gendarmes et de policiers se sont présentés à la porte du non moins directeur général de la Société de développement du coton (Sodecoton). Aussitôt le mandat d’interpellation notifié, ordre lui est intimé de quitter sa suite pour une destination qui s’avérera être les locaux du service central de recherches judiciaires du Sed, de tout augure son probable lieu de détention qu’il aura le privilège de partager avec des détenus de luxe que sont Marafa Hamidou Yaya (qu’on dit très proche de lui), Yves Michel Fotso, Polycarpe Abah Abah, Gilles Roger Belinga et autre Gérard Ondo Ndong.
Aussitôt présenté au colonel Hamadou, commandant du service central de recherches judiciaires en charge de l’enquête préliminaire, M. Iya se braque et refuse de répondre à toute question des enquêteurs en l’absence de son avocat, Me Manasse. C’est en début d’après-midi que l’audition du Dg de la Sodecoton commence.
L’interrogatoire porte sur sa gestion calamiteuse de la société pour la période allant de 2005 à 2010. Il est appelé à s’expliquer sur les conclusions du rapport du Conseil de discipline budgétaire et financière du Contrôle supérieur de l’Etat.
Notamment sur l’ensemble des 20 fautes de gestion par lesquelles le Conseil a décidé, au cours de la session du 27 mars 2013, de constituer le mis en cause débiteur, envers la Sodecoton, de la somme de 9,052 milliards CFA représentant le préjudice financier subi par la susdite entité, de son fait, de lui infliger une amende spéciale de 2 millions CFA pour l’ensemble des fautes de gestion commises dans le cadre de la présente affaire, de prononcer à son endroit une déchéance valant interdiction, pour une durée de 7 ans, d’être responsable de l’administration ou de la gestion des services publics ou des entreprises d’Etat, à quelque titre que ce soit.
Tout au long de la journée, le Sed a été le théâtre d’un incessant ballet de proches et autres sympathisants venus s’apitoyer, impuissants, sur le sort peu enviable qui est désormais celui de Mohammed Iya, tombé de son double piédestal d’inamovible Dg de la Sodecoton et d’indécrottable président de la Fécafoot. De sa tendre épouse à ses sœurs en passant par ses frères, son chauffeur ou encore du président de la commission des arbitres de la Fécafoot, Robert Bati, chacun y est allé de sa touche compatissante: des larmes à peine voilées pour la famille, des lamentations ponctuées de jurons de désapprobation, pour les autres. Surtout lorsque, en présence de cette assistance médusée, qui croyait encore à un retour à la maison, l’introduction d’un nouveau lit et d’un matelas, flambant neufs, viendra mettre tout le monde d’accord: Iya a définitivement pris les quartiers au Sed.
Une crainte confortée par l’accélération des travaux d’aménagement d’une nouvelle cellule dans l’enceinte du service central de recherches judiciaires. Une manière de convenir, avec un de ses geôliers, que le piège s’est définitivement refermé sur le Dg de la Sodecoton. En attendant que le mis en cause soit rapidement déféré au parquet, pour des formalités d’inculpation et de notification de son mandat de détention provisoire.
