Un exemple de l’excellence pharmacologique africaine.
Après 10 ans de recherche, il a trouvé une méthode efficace qui associe la phytothérapie et la chimiothérapie.
Il n’a peut-être pas l’air d’un chercheur. Il a parfois été pris pour un fou, et des portes lui sont restées fermées alors qu’il avait besoin d’informations pour sa recherche. Pourtant, toutes ces embûches n’ont pas découragé Alphonse Djock II, mais ont plutôt contribué à asseoir sa certitude et sa soif de recherche.
C’est en 2001 que ce douzième né d’une famille de 13 personnes (son père avait 5 femmes) commence sa recherche. Pour y parvenir, il abandonne les études en classe de première D. Son père, tradi-thérapeute, et sa mère infirmière, ne sont pas de cet avis. Ce qui ne le dissuade pas. Avec l’aide de son frère aîné, lui aussi médecin, Alphonse Djock II comprend qu’il ne peut faire le concours d’entrée à la faculté de médecine d’aucune université d’Etat.
Pourtant, la Faculté de médecine et des sciences biomédicales (FMSB) va suivre ses travaux. Il va travailler avec le département de médecine traditionnelle de l’Université de Yaoundé I.
«C’est là que j’ai acquis la méthodologie de recherche. Cette faculté a suivi mes travaux et m’a permis de présenter mon mémoire, fruit de 10 années de recherche», dit-il. Le thème du mémoire qu’il a présenté, le 18 août 2011 à Douala, est : «L’impact de la biomédecine sur la maîtrise des métastases, des effets secondaires dans le traitement du cancer et le renforcement des traitements pré et post exérèses».
Il a aussi bénéficié de l’appui du National Institute of Cancer, une institution de recherche sur les plantes pouvant traiter le cancer, basée aux Etats-Unis, de l’Institut supérieur de naturopathie du Québec et du Département de cancérologie de l’université d’Hiroshima au Japon.
Dans son mémoire, il explique que l’association de la phytothérapie et de la chimiothérapie rend plus efficace le traitement du cancer. Ce, à travers la combinaison des molécules végétales aux molécules organiques.
Cela permettra, dit-il, de réduire le taux de mortalité liée au cancer, son coût de traitement et même les dépenses étatiques liées à cette maladie, car «selon le Comité national de lutte contre le cancer, l’Etat dépense 500 milliards Fcfa par an pour cette maladie».
Il a par ailleurs montré au cours de la présentation de son mémoire, le schéma de l’appareil qui permettra de traiter le cancer du col de l’utérus et empêchera qu’on supprime cette partie de l’appareil génital de la femme. Il l’a baptisé «Appareil de massage à vapeur aromatique» (Amva).
Cet appareil est censé cuire les plantes médicinales et introduire la potion dans l’organisme des patients.
Ses motivations, il les trouve dans le décès de sa cousine et de son cousin des suites de cancer. Pourtant, depuis qu’il s’est lancé dans cette vie de chercheur, sa vie n’est plus un long fleuve tranquille.
«J’ai été abandonné par ma famille. Ils veulent que je m’installe en clientèle comme les autres naturopathes», explique t-il.
Pour résoudre ses problèmes financiers, il doit se débrouiller par lui-même, sans aucun soutien financier. L’argent lui provient aussi des consultations qu’il fait.
«Certains malades de cancer que je guéris sont reconnaissants et me donnent de l’argent en plus des traitements que je fais au village quand on me sollicite, car, mon père est déjà vieux», confie-t-il.
Sa vie sentimentale a aussi pris un coup. «La recherche est ma première femme», dit-il.
En plus d’être chercheur, Alphonse Djock II est écrivain. A son actif, des livres sur la médecine traditionnelle, en psychologie et en politique.
B. D.