La CPI se paye de « ces pays »?
A l’occasion d’un débat consacré à «l’indépendance» en Afrique, lors de la 2ème édition du New York Forum Africa 2013 à Libreville, au Gabon, le rôle joué par la Cour Pénale Internationale (CPI) a été remis en question par la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo. Présente au débat, la procureur général de l’institution judiciaire, Fatou Bensouda, a tenté tant bien que mal de défendre l’institution judiciaire qu’elle dirige.
«La Cour Pénale Internationale a été créée par la communauté internationale qui n’est pas sous la houlette des grandes puissances». Cette déclaration est celle de Fatou Bensouda, la procureur général de la CPI, lors du débat placé sous le thème de «La route vers une nouvelle indépendance», au New York Forum Africa 2013, à Libreville, au Gabon. L’évènement, fondé et dirigé par Richard Attias, a rassemblé pour cette 2ème session pas moins de 1500 personnes, selon les organisateurs.
Présente au débat, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, a accusé les dirigeants de la CPI d’être une organisation judiciaire créée spécialement pour traduire en justice les dirigeants et figures politiques africains. «Il n’est pas honnête de dire que la CPI ne s’acharne pas contre l’Afrique. Je ne suis pas d’accord avec ma sœur Fatou Bensouda, lance le chef de la diplomatie rwandaise. Un grand nombre d’Africains croient fortement à cette CPI mais il y a un vrai problème aujourd’hui».
Un problème qui selon elle vient directement d’Europe. Elle accuse les Européens d’utiliser «cette CPI» pour manipuler la politique africaine. Elle regrette que la CPI «limite» son champ d’action en Afrique et affirme qu’en dehors des pays africains qui auraient fait appel à la CPI, seuls deux pays du continent sont visés directement par la CPI dont le Soudan.
Fatou Bensouda reprend la parole après les applaudissements de la salle, suite au discours de Mushikiwabo: «C’est malheureux qu’un grand nombre de conclusions aient été réduites à la manipulation politique».
Selon la procureur général, des dirigeants africains, au Mali, en Côte d’Ivoire ou encore en République démocratique du Congo, auraient fait appel à la CPI pour intervenir dans leur pays.
«Avec tout le respect que je dois à mon interlocutrice précédente (Louise Mushikiwabo, ndlr), nous savons que l’Afrique a poussé à la création de la CPI!», a-t-elle lancé avant de rappeler que « le premier pays à avoir ratifié le traité de Rome est un pays africain et il s’agit du Sénégal».
Pas question de baisser la garde. Après de telles affirmations, Mushikiwabo rebondit: «Ne dites pas que les Africains viennent vous voir (la CPI) pour être jugés. C’est faux car l’Afrique ne veut pas de colonialisme judiciaire!», a-t-elle rétorqué sur un ton énervé. Suite à cette conclusion, Bensouda a démenti l’exercice d’un colonialisme judiciaire de la part de la CPI en Afrique.
Des personnalités de la société civile et politique en Afrique accusent l’Occident d’avoir créé la CPI, dans l’unique but de traquer les bêtes noires de l’Afrique. Fatou Bensouda a au contraire assuré que la CPI a ouvert des dossiers dans d’autres pays, hors du continent africain. Oui mais combien comparé aux nombreux dossiers judiciaires ouverts en Afrique par la CPI?