Morsi dans le mors… de la « Rébellion »?
Alors que le président égyptien Mohamed Morsi célèbre, dimanche 30 juin, le premier anniversaire de son accession au pouvoir, ses partisans et ses opposants ont largement mobilisé au Caire.
Dans le reste du pays, en revanche, les anti-Morsi étaient majoritaires. Ces rassemblements ont dégénéré et il y a eu de violents heurts.
C’est à Alexandrie que les plus violentes confrontations ont eu lieu. Alors que les manifestants anti-Morsi arrivaient dans le quartier de Sidi Gaber, où se trouve un siège du parti des Frères musulmans, des coups de feu sont partis du siège, et une bataille rangée s’est engagée.
La police est intervenue pour séparer les deux partis. Mais quand les anti-Morsi ont saccagé et brûlé le siège du parti des Frères musulmans, elle a laissé faire.
Le scénario s’est répété dans d’autres villes du Delta. Là aussi, lorsqu’après des accrochages les manifestants ont attaqué les sièges du parti des Frères, la police a observé une sorte de neutralité en n’intervenant pas.
Le club des officiers, l’équivalent du syndicat de police, avait en effet annoncé que les forces de sécurité avaient tiré la leçon de leurs erreurs passées. Dorénavant, avait-il prévenu, elles ne seraient plus là pour défendre le pouvoir ou le parti au pouvoir, mais le peuple.
La grande manifestation de l’opposition prévue ce dimanche fait craindre de nouvelles violences. Cela fera un an que Mohamed Morsi occupe la présidence égyptienne. Ses opposants, de plus en plus nombreux, entendent célébrer cet anniversaire en réclamant sa démission. Ils ont lancé une campagne baptisée «Rébellion», afin d’organiser une pétition et une grande manifestation pour porter leur message.
Mais les partisans du chef de l’Etat n’entendent pas leur laisser le terrain libre et multiplient les rassemblements de soutien. Comme la semaine dernière, ils ont organisé plusieurs manifestations auxquelles les opposants ont déjà répondu par des contre-cortèges.
Les deux camps entendent montrer leur détermination dans la rue. Au Caire, des supporters du président ont passé la nuit sur une place du quartier de Nasr City, et ils n’en bougeront plus. Ils défendent la légitimité de Mohamed Morsi, qui selon eux, ne doit quitter le pouvoir que dans trois ans.
Les opposants, n’ont pas attendu non plus le 30 juin pour se rassembler. Une foule importante a ainsi passé une partie de la nuit place Tahrir. Elle réclame le départ du président Morsi. Les opposants sont aussi divisés sur l’éventualité d’un retour aux affaires de l’armée.
Certains y sont favorables, d’autres rappellent la façon dont elle a mal géré la transition. Mais tous s’accordent à dire qu’ils ne peuvent plus continuer avec les Frères musulmans, et ils entendent bien aller jusqu’au bout de ce qu’ils considèrent comme un nouvel acte de la révolution.
A la veille de l’anniversaire de l’accession au pouvoir du président Morsi, la campagne «Rébellion» a d’ores et déjà connu un très grand succès. Ses organisateurs ont annoncé samedi le nombre total de signatures recueillies. Ils avaient déjà dit en avoir 22 millions, soit plus que les quelque 13 millions de voix avec lesquelles Mohamed Morsi a été élu.
Lancée par quelques jeunes, la campagne s’est propagée à toute vitesse à travers le pays ces dernières semaines. Elle a permis aux Egyptiens d’exprimer leur colère et leur déception. Vendredi encore, des bénévoles continuaient à faire signer des pétitions. Certains membres du mouvement ont passé la nuit sous la tente de différents endroits du Caire.