Etudiants… murs?
Le 23 juin, dès les premières heures de la matinée, une dizaine d’étudiants de l’Ecole supérieure des Beaux-arts d’Alger s’activaient au niveau des escaliers du 3, rue Didouche Mourad, situés juste en face de la Fac centrale.
Le groupe, tous étudiants en première année tronc commun, s’attèlent à peindre une fresque tout au long de cette ruelle de la capitale où se trouve le nouveau café-théâtre «l’Escalier des artistes», qui a ouvert ses portes il y a une quinzaine de jours.
La dynamique Romeilla nous confie à propos du projet: «Ce qui nous a motivé, c’est que la plupart des murs de la capitale sont tristes, sans fresques ou des couleurs pour donner un caractère à notre ville. On aimerait bien, avec notre humble participation, y remédier grâce à cette fresque». Ajoutant que parmi les objectifs qu’ils veulent atteindre à travers ce projet, c’est d’une part pour sensibiliser les passants et les habitants d’Alger à l’art et d’autre part faire connaitre l’école des Beaux-arts d’Alger et les talents potentiels qu’elle recèle.
Pour elle et ses amis étudiants c’est aussi une manière d’exprimer les différentes disciplines qu’ils étudient à l’école tels que la peinture et le design. A ses côtés, la frêle Majda, débordant d’enthousiasme et d’idées, explique à propos des détails de la fresque: «On veut rester, que cela soit au niveau des couleurs ou des dessins, dans le thème du café-théâtre qui nous a donné l’opportunité de nous exprimer. On s’est concerté et on a opté pour le rouge, le gris et le blanc, avec des silhouettes de musiciens, des référents au théâtre, des notes de musique et, selon l’inspiration de chacun, de mettre en avant une discipline artistique afin d’illustrer notre volonté qu’Alger redevienne un véritable centre de rayonnement artistique».
Pour sa part,Samir Ouaar copropriétaire des lieux avec Lydia Boudjemaa, explique que «l’idée de la fresque peinte dans la ruelle où se trouve le café est venue dans le bureau du maire, Abdelhakim Bettache qui a une vision exceptionnelle de ce que devrait être la ville d’Alger-Centre. Il nous a fait confiance et on s’est dis que ce lieu doit être le lieu des artistes sans exclusion. Et il n’y a pas de meilleur moyen de motiver nos jeunes artistes que celui de leur permettre d’exister. Car un artiste existe d’abord par l’expression de son art». Il a ajouté à propos du choix de sortir l’art dans la rue, que «quand un artiste peut exprimer son art dans la rue, il peut être vu et donc exister et pourquoi pas susciter aussi des vocations».
A propos du partenariat avec la commune d’Alger-Centre, il nous explique que les autorisations pour peindre la fresque dans la rue ont été immédiatement obtenues du maire qui a exprimé son soutient à ce genre d’initiative afin que les jeunes artistes puissent avoir des lieux publics où s’exprimer avec la possibilité que cela leur serve de tremplin.
Dans le même sillage, un autre étudiant, Omar également enthousiaste explique que dès qu’il avait été sollicité par un de ses camarade, il a tout de suite adhéré au projet, d’une part pour exprimer sa passion qui est la peinture et d’autre part pour mettre l’art en grandeur nature à la portée de tous quelque soit le statut social ou professionnel.
Quant à Massi, il souligne que le groupe aspire également à montrer à travers cette fresque ce que les étudiants des Beaux- arts sont capables de faire et apporter un peu de joie dans cette ruelle lugubre, pour qu’elle soit réappropriée non seulement par les artistes mais aussi par les passants. En ajoutant, «c’est l’art qui descend dans la rue et on espère que cela va sensibiliser les gens et que cela soit un début pour d’autres rues de la capitale».
Les étudiants ont également souligné le soutient du président de l’Assemblée populaire communale d’Alger-Centre, Abdelhakim Bettache qui, il y a deux mois, leur a permis d’organiser une exposition dans l’une des artères principales de la capitale, ce qui a permis à certains étudiants de vendre des toiles. Cette jeunesse pleine de talents aspire à ce que ce genre d’initiative se multiplie afin de sensibiliser le grand public à toutes les formes artistiques même si cela doit se faire extra-muros.