Pour Blaise, Sénat…urel
A la fin de la 3e conférence du Traité d’amitié et de coopération Côte d’Ivoire – Burkina, les présidents ivoirien et burkinabè ont co-animé une conférence de presse. Sur une question, Blaise Compaoré s’est enfin exprimé sur la création du Sénat. En 6 minutes, le président du Faso n’a pas porté de gants pour dire ce qu’il pensait. In extenso ses propos à ce sujet.
«Ce qu’il faut comprendre et qui est essentiel aujourd’hui, c’est que nous vivons dans un monde nouveau, de liberté et de droit et toutes nos sociétés sont encadrées par des constitutions. En tant que chef d’Etat, nous avons, avant tout, un devoir: c’est de veiller sur la Constitution du Burkina Faso.
Lorsque l’on parle du Sénat, il ne s’agit pas d’une création que moi, Compaoré, je me suis levé le matin pour dire qu’il faut créer un Sénat. Non, il s’agit d’une démarche qui est partie, bien sûr, de la prise en compte de la création de ce Sénat dans mon programme politique pour le quinquennat 2010 à 2015.
C’est aussi à la suite d’un forum que j’ai organisé en 2011 avec toutes les forces politiques qui, en majorité, étaient là, avec la société civile, les communautés religieuses et coutumières, qui ont participé à ce forum pour des réformes de notre Constitution. Et j’avais annoncé que ce qui ne serait pas consensuel au cours de ce forum ne serait pas pris en compte.
Il s’est trouvé que la création du Sénat a reçu le consensus de ce forum. L’Assemblée nationale en juin 2012, pas maintenant, a voté l’inscription du Sénat dans la Constitution du Burkina. Donc, le Sénat va être mis en place.
Nous sommes chargés de veiller à l’application de la Constitution. Le Sénat va donc être mis en place. C’est tout ce que je peux dire. Qu’il y ait des manifestations, qu’il y ait des avis contraires, ce n’est pas seulement au Burkina qu’on voit ça. Ni à Paris, ni en Amérique, une marche n’a changé une loi ni la Constitution ; ça n’existe pas.
Je pense donc qu’il faut comprendre que notre souci n’était pas de créer une institution de plus mais nos pays ont besoin de participation, de contribution, d’ouvrir les possibilités d’idées pour faire la loi parce que la loi s’impose à tous.
Et quand vous prenez une chambre unique comme l’Assemblée nationale, ce sont les représentants du peuple, mais on sélectionne ces députés avant tout dans les forces politiques.
C’est-à-dire que, pour être député, il faut être politicien alors que pour représenter le peuple et lorsque vous voulez une loi sur l’économie ou les questions culturelles ou sociales, ce n’est pas toujours aux politiciens seulement que l’on doit s’adresser, si après il s’agit de dispositions qui s’imposent à toute la Nation.
Il y a des forces sociales qui sont essentielles, qui peuvent contribuer à mieux nous éclairer sur les questions des finances, la santé, l’éducation etc., et nous pensons qu’il est temps que nous puissions non seulement avoir leur accord mais aussi en faire des centres de modération parce qu’entre politiciens, vous savez bien que, même si vous êtes majoritaires et que vous avez une position juste dans l’intérêt du peuple, il y aura toujours des couacs parce que l’opposition pense qu’il faut …
Ici comme en Europe, ça se voit. Ce que nous avons donc souhaité faire, c’est d’avoir cette chambre qui n’est pas celle qui vote la loi mais celle qui apprécie, en deuxième lecture, le projet de loi pour l’améliorer, surtout que dans cette chambre nous allons avoir à la fois les forces sociales essentielles, les communautés religieuses et le monde du travail.
Ceux qui assurent la production économique dans notre pays ne peuvent être absents de là où se décident des lois pour l’économie du Burkina. Voilà un peu pour nous l’intérêt.
Le monde du travail et les syndicats seront représentés. Notre diaspora, à travers l’Afrique et le monde entier, sera aussi représentée ainsi que les communautés coutumières et traditionnelles.
Tout cela, nous pensons, va donner aussi un espace dans les régions ; on aura des sénateurs par région et cela va donner une communauté d’idées positives pour assurer plusieurs possibilités à notre processus de développement et à la construction d’une société beaucoup plus sociale, plus stable. Ce n’est pas, comme vous le dite, un certain matin que je me suis levé pour dire : « Bon, hier, je n’ai rien créé ; aujourd’hui il faut que je crée le Sénat. »