L’UA saura-t-elle finalement compter sur l’échiquier libyen?
Le tableau de chasse du Conseil nNtional de transition (CNT) libyen vient d’être enrichi par une conquête de taille. Cet acquis diplomatique qui figure en bonne place parmi les plus importants n’est autre que la reconnaissance officielle du nouveau pouvoir de Tripoli par l’Union Africaine (UA), qui emboîte ainsi le pas aux Nations unies. Mieux vaut une reconnaissance tardive qu’une dénégation anachronique?
L’ancienne position de l’UA dans la crise libyenne était basée sur le principe de la condamnation de la prise du pouvoir par la force, dans son bon droit de mettre ses membres à l’abri de toute ingérence extérieure.
Il est naïf de croire que les Occidentaux ont accepté d’investir des moyens colossaux dans la guerre en Libye par pure philantropie.
L’UA est restée longtemps à la remorque dans la gestion du conflit libyen, si fait que certains des Etats qui la composent ont désolidarisé propre opinion individuelle.
Un pas important est fanchi : l’Union africaine a, à son tour, reconnu le CNT, le Conseil national de transition libyen, comme représentant de fait de la Libye. L’organisation panafricaine s’est dite prête à aider le CNT à former un gouvernement représentatif. Les réticences affichées jusqu’ici pour reconnaitre le CNT constituaient le dernier verrou diplomatique pour le nouveau pouvoir libyen .
Incapable de s’imposer comme médiateur, bloquée par son principe de ne jamais reconnaître un changement de pouvoir inconstitutionnel, minée par des divisions entre les tenants d’un soutien aux insurgés et les obligés de Kadhafi, depuis le déclenchement de la crise libyenne, l’Union africaine n’a à aucun moment pesé sur les évènements.
Si le Sénégalais Abdoulaye Wade a fait un coup d’éclat en jJuin en étant le premier chef d’Etat à se rendre à Benghazi, son homologue sud-africain Jacob Zuma a, lui, été le fer de lance de la dénonciation de l’intervention militaire de l’Otan.
«La semaine dernière, sous la pression sud-africaine, la SADC a bien tenté de freiner encore l’attribution au CNT du siège libyen à l’ONU mais maintenant que c’est fait, l’UA n’avait pas d’autre choix que de reconnaître la légitimité des opposants à Kadhafi», explique un diplomate africain.
Longue et difficile, l’étape de la reconnaissance est maintenant passée. La question est maintenant de savoir si l’Union africaine sera en mesure de jouer un rôle de premier ordre dans l’après-guerre et si les futures autorités libyennes souhaiteront le lui offrir. Le CNT ayant déjà prévenu que les vieux amis seront mieux servis que ceux de la dernière heure.
Bien que principalement concernée par la crise libyenne, l’Union africaine est toujours restée à la traîne. Elle s’est fait ravir la vedette par des pays extra- africains.
Après avoir pris la décision de reconnaitre le CNT libyen, l’UA va-t-elle pouvoir jouer un rôle constructif et assister le CNT alors qu’il s’apprête à mettre sur pied un gouvernement qu’on souhaite le plus inclusif possible?
Saura-t-elle enfin se faire entendre et être au rendez-vous de cette histoire tumultueuse qui se joue sous nos yeux?