Carrière en arrière?
« Je vous annonce ma volonté de me mettre à la disposition de mon parti et, par son biais, à celle de la Côte d’Ivoire. Je suis candidat à la présidence du PDCI au 12e Congrès« . L’homme qui parlait ainsi le 21 août 2013 lors d’une conférence de presse est grisonnant et totalise 68 piges, dont 48 de militantisme au sein du PDCI, dont il assure le secrétariat général : Alphonse Djedjé Madi.
Comment interpréter cette nouvelle ambition d’un des anciens barons du parti? Autrement dit, faut-il voir en cette annonce une simple volonté d’étoffer son background politique ou plutôt y lire quelque marque de ressentiment contre la gestion du parti?
En tout cas, avant de rendre publique sa candidature, l’homme, dans une longue déclaration liminaire, a fait la genèse du PDCI, de la période houphouëtiste à l’alliance avec le RDR en 2010 en passant par les soubresauts qui secouent la formation.
Son verdict est sans appel : de nombreux comportements antistatutaires et antiprincipiels minent le parti. Point besoin de consulter les génies de la lagune Ebrié pour savoir qui vient d’être ainsi cloué sur le banc des accusés : Henri Konan Bédié, l’encore président du PDCI.
De plus en plus ouvertement critiqué pour son appétence de règne à vie sur le parti, le Sphinx de Yamoussoukro est fortement désavoué dans son refus de présenter un candidat à la presidentielle de 2015.
Après la sortie tonitruante de Konan Kouadio Bertin (KKB), courant mai dernier, qui, lui aussi, se dit disposé à prendre le gouvernail battant pavillon PDCI, voilà un vieux briscard qui vient porter à 4 le nombre de candidats à ce poste de président du PDCI.
C’est dire donc qu’il y a un vent d’insurrection qui souffle sur la vieille maison houphouëtiste. Les jointures tiendront-elles le coup? Rendez-vous du 3 au 5 octobre prochain. Mais d’ores et déjà, les militants sont en ordre de bataille. D’un côté, il y a les partisans de « Vision nouvelle », conduits par KKB, et de l’autre ceux qui ne jurent que par le « Bouddha » de Daoukro, entendez par là Henri Konan Bédié.
Au milieu, il y a désormais Djedjé Madi, qui, bien que presque septuagénaire, pourrait incarner la relève au sein de cette formation et aborde l’échéance du congrès avec trois principaux atouts :
– dans ce combat entre éléphants et éléphanteaux, Djedjé Madi, qui a toujours plongé les mains dans le cambouis pour défendre le parti, même au moment de la crise ivoirienne, a le profil de l’emploi.
La force d’un parti, c’est sa capacité à passer le témoin à des militants compétents, qui ont fait la preuve de leur engagement. Et si le militantisme se mesure à l’aune de la durée et de la pugnacité dans un parti, alors Djedjé Madi est l’homme idéal pour succéder à Bédié.
– Ensuite, il serait politiquement abscons et suicidaire pour le PDCI qu’en 2015 il n’ait pas de champion pour la présidentielle, comme le veut Bédié. Aucune raison ne peut expliquer une telle posture. La formation voudrait se faire hara-kiri qu’elle ne s’y prendrait pas autrement. Une présidentielle sans le PDCI s’apparenterait à un championnat de football ivoirien sans l’ASEC ou l’Africa sport.
A l’inverse, la participation d’un pachyderme du PDCI à ce scrutin majeur relevera le niveau de la compétition électorale et apportera du piquant à la démocratie ivoirienne, qui revient de loin après la longue et douloureuse parenthèse de la crise socio-politique.
– Enfin, à 79 ans, le président Henri Konan Bédié devrait avoir la sagesse de quitter les choses avant qu’elles ne le quittent, pour ne pas dire avant qu’on ne le pousse à la porte. Il a fait son temps et ses preuves et devrait faire valoir ses droits à une retraite honorifique. La logique politique et biologique le veut ainsi.