J’eus des jus!
«Africaine, jeune, belle, intelligente et pleine d’énergie» un participant au New York Forum for Africa ne peut pas faire un portrait plus élogieux!
Magatte Wade, 36 ans, figure dans le classement des vingt jeunes Africaines les plus influentes. Elle est une africaine pure souche née au Sénégal à Dakar. Elle appartient à la confrérie mouride. Magatte a étudié en Allemagne, puis en France avant d’aller vivre aux Etats-Unis, où elle a appris tous les codes de la culture d’outre-Atlantique
Magatte Wade aime la vie et les affaires. Elle est devenue célèbre avec sa première entreprise Adina World Beat, qui vend des boissons africaines aux Etats-Unis. Le bissap bio, un breuvage à base de fleur d’hibiscus, a séduit très vite les consommateurs américains. On le trouve même dans des supermarchés outre-Atlantique !
«Quand j’allais au Sénégal, je me désolais de voir que les jeunes se détournaient du bissap. Ils voulaient boire des sodas américains. Alors que la culture des feuilles d’hibiscus fait vraiment partie du mode de vie du Sénégal. La culture du bissap fait vivre les femmes des villages. Ces cultures permettent de lutter contre l’exode rural», raconte-t-elle.
Adina réalise un chiffre d’affaires de 3 millions USD et emploie 25 personnes. Elle est très fière d’avoir su imposer cette boisson dans le monde, mais la défendre aussi en Afrique: «Bien sûr, en Afrique, il y a toujours l’attrait très fort des marques. Comme ailleurs dans le monde, les jeunes veulent des Nike ou du Coca Cola. L’Africain pense toujours que ce qui est produit ailleurs est meilleur que ce qui vient de chez lui. Alors qu’aux Etats-Unis, il y a des gens heureux de consommer africain. Des Américains qui refusent les produits chinois et se jettent sur ce qui est produit en Afrique. Et ils veulent connaître la culture africaine dans sa globalité. Le plus dur a été de changer la perception qu’ont les américains de l’Afrique. Pour eux, on ne peut créer de business avec l’Afrique que si c’est dans un cadre associatif. Malheureusement, les médias et les ONG favorisent cette image. Le fait que les africains peuvent être capables, travailleurs et avoir du succès en créant des produits et des services (made in Africa) est presque inenvisageable pour eux».
Magatte Wade ne s’est pas contentée de premier succès dans les liquides. Elle a lancé une nouvelle société Tiossan, spécialisée dans les cosmétiques et la mode. Comme pour son business de la boisson, elle travaille surtout pour l’international : «Au départ, les produits seront fabriqués et commercialisés aux Etats-Unis. Mais très rapidement, ils seront produits au Sénégal. C’est plus difficile à mettre en place au Sénégal, mais c’est le but»
Malgré ses nombreuses activités professionnelles, elle n’oublie pas pour autant l’humanitaire. Elle est aussi une femme d’action sur le terrain. Elle veut créer au Sénégal une école à voccation culturelle. «Le Sénégal a perdu une grande partie de sa créativité culturelle. Il faut aider les jeunes à retrouver cette créativité. 10% des profits de Tiossan seront consacrés à cette mission. Pourquoi pas une formation au design au Sénégal, comme cela existe aux Etats-Unis?»
De son parcours, elle a confié au site Drapomoter.com: «Ma philosophie de vie? Rester vraie, dire ce que je pense, être ferme dans mes idées, même si ça implique des sacrifices. Il y’a pleins de raccourcis qui s’offriront à vous, mais je ne veux pas détruire ma mission dans la vie à cause d’un raccourci».
Elle n’a qu’un défaut: son manque de ponctualité dans la vie. Mais pas dans les affaires, elle a toujours un coup d’avance.