Ça « gaze » pas bien à Benghazi?
Une puissante explosion a frappé un bâtiment du ministère des Affaires étrangères libyen, mercredi 11 septembre à Benghazi, qui abritait autrefois le consulat américain. Ceux qui ont perpétré cet attentat à la bombe « veulent faire savoir que les représentations diplomatiques ne sont pas sûres à Benghazi ».
Le site, qui abritait autrefois le consulat américain, avait été fermé par Mouammar Kadhafi quelques années après son arrivée au pouvoir en 1969, a expliqué un responsable des Affaires étrangères sous couvert de l’anonymat, ajoutant que ceux qui ont perpétré cet attentat à la bombe « veulent faire savoir que les représentations diplomatiques ne sont pas sûres à Benghazi« .
Cette explosion coïncide avec le premier anniversaire de l’attaque contre un autre bâtiment consulaire américain dans la deuxième plus grande ville de Libye.
Personne n’a été arrêté après l’attaque, le 11 septembre 2012, de la mission américaine à Benghazi, qui a coûté la vie à l’ambassadeur Christopher Stevens et à trois autres Américains. Et bien que l’ancien chef de la milice Ansar al-Sharia Ahmed Boukhtala ait été accusé par les États-Unis pour son rôle dans cette attaque, il reste toujours en liberté en Libye.
Par ailleurs, une équipe américaine chargée de traquer les attaquants a récemment quitté la Libye.
Ibrahim el-Mejbri, journaliste de 29 ans originaire de Benghazi, a confirmé que l’enquête semblait être au point mort.
« Ils sont partis il y a quelque temps. Ils avaient accusé Boukhtala, mais aucun des deux gouvernements n’a publié quoi que ce soit d’officiel ou de certain« , a-t-il expliqué.
« Ce départ des Américains indique qu’ils connaissaient l’auteur de cette attaque et qu’ils allaient étudier son dossier, à moins que le fait de dévoiler la vérité ne laisse planer une menace sur leur sécurité. Le gouvernement libyen est totalement absent des évènements qui surviennent dans le pays et n’a rien fait pour poursuivre les auteurs de cet attentat contre le consulat des États-Unis », a expliqué Nermin Masoun Fazzani, employée de 29 ans au ministère du Budget.
Alors que les États-Unis portent désormais leur attention sur les armes chimiques en Syrie et sur les réseaux de recrutement de Jabhat al-Nusra, un mouvement affilié à al-Qaida au Levant, les Libyens se demandent si leur gouvernement poursuivra les enquêtes criminelles sur l’attaque de la mission américaine et d’autres assassinats de hautes personnalités.
Le journaliste Sleiman Elahwal a souligné que des interrogations similaires entourent l’attaque contre la mission américaine et l’assassinat du major général Abdel Fattah Younes.
Le meurtre de cet ancien commandant militaire des rebelles revêt « un poids politique et militaire tout aussi important pour le gouvernement que la mort de l’ambassadeur Stevens. En refusant de partager les résultats des enquêtes, le gouvernement s’implique lui-même. Partager les résultats témoigne de l’autorité de l’État et de son impartialité, et prouve qu’il ne fait l’objet d’aucune pression de la part d’individus, de partis ou de pays. Aux yeux de l’opinion publique, la fréquence de ces évènements, leur diversité et l’échec à arrêter leurs auteurs peuvent facilement laisser entendre que le gouvernement et le CGN sont impliqués« , a-t-il expliqué.
Ahmed Issa, 34 ans, ingénieur à la compagnie pétrolière de Ras Lanuf, fait également part de sa frustration quant à la capacité du gouvernement à protéger les citoyens: « Maintenant que les Frères musulmans ont resserré leur étreinte sur l’État, la sécurité est passée de mal en pis.Les institutions de l’État doivent être restaurées et les agences de sécurité activées, loin des partis politiques et des différents blocs, notamment des Frères musulmans« , a-t-il expliqué.
(Vidéo)
http://www.youtube.com/watch?v=AVcQv_zKbAc