Vivement la… « norMalisation » du pays!
Deux semaines après son investiture, grande cérémonie, jeudi 19 septembre à Bamako au Stade du 26 mars pour marquer le début du quinquennat d’Ibrahim Boubacar Keïta. Une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernements sont à Bamako pour l’occasion dont le président français François Hollande qui fait partie des invités d’honneur.
Une grande cérémonie a lieu, jeudi 19 septembre à Bamako, pour marquer le début du mandat d’Ibrahim Boubacar Keïta. Après le serment prêté le 4 septembre dernier devant la cour suprême du Mali en présence des institutions maliennes, c’est au tour de la communauté internationale de venir saluer le nouveau président.
Plus d’une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement étaient au grand stade du 26 mars de Bamako, dont le président français, François Hollande. IBK hérite d’un pays en lambeaux à reconstruire avec deux priorités: la réconciliation et l’organisation des législatives.
Depuis la large victoire du président Keïta, qui a obtenu plus de 77% des voix au second tour de la présidentielle, les attentes des Maliens sont nombreuses: «Je veux un président honnête qui s’intéresse à l’avenir des enfants, il doit s’atteler à donner le pouvoir au peuple, on veut que le président assure la santé et l’éducation pour tous», clament en chœur des Maliens traumatisés par une double crise de 18 mois, au cours de laquelle les populations maliennes se sont déchirées . Et c’est bien de réconciliation dont a urgemment besoin le pays.
Tout l’enjeu pour le nouveau président sera d’amorcer rapidement ce dialogue tout en donnant du temps aux Maliens pour réapprendre à vivre ensemble. Car les blessures sont nombreuses entre le Nord et le Sud, entre nomades et sédentaires, ou encore au sein d’une même communauté.
Le nouveau ministre chargé de la Réconciliation et du développement économique, Cheick Oumar Diarra, a initié ces derniers jours à Bamako une première rencontre avec des représentants des groupes armés. Il a déjà entrepris une tournée dans le Nord, rencontrant de la résistance à Kidal. Mais le président IBK doit avoir à l’esprit que les Maliens souhaitent être les acteurs principaux de cette réconciliation.
«Dans le processus de réconciliation, IBK doit tenir compte de la société civile, et ne pas s’en tenir au simple face à face entre les groupes rebelles et groupes armés avec l’Etat malien. Il faut que le citoyen ait sa place pour dire « voilà ce qu’il nous faut pour en finir avec les problèmes »», confie Abdelkader Sidibe, un acteur du développement du Nord.
Mais pour entreprendre ce vaste chantier, IBK a besoin d’une majorité confortable à l’Assemblée nationale. Les législatives vont être organisées dans les toutes prochaines semaines. Un décret pris en Conseil des ministres annonce un premier tour pour le 24 novembre et un second pour le 15 décembre.
Mais déjà des voix s’élèvent pour regretter un calendrier trop prématuré. Selon l’opposition politique, mais aussi selon des observateurs internationaux, le président IBK ne doit pas faire l’économie d’une révision du fichier électoral pour réintégrer notamment les 350 000 jeunes qui n’ont pas pu voter à la présidentielle.
Il faut pouvoir mener la campagne sur tout le territoire national pour éviter des taux de participation ridicules comme ce fut le cas dans certains cercles dans les régions du Nord. Il faut préparer ce scrutin sérieusement comme le suggère le représentant de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) à Bamako, Abdou Cheikh Toure :
«Les législatives dessinent la carte de la puissance électorale de chaque parti, c’est là où le citoyen se positionne par rapport aux affaires de l’Etat, et par rapport à des responsables qui vont prendre des décisions pendant cinq ans. On ne peut pas les bâcler comme on l’a fait pour la présidentielle».
Ces élections législatives ne pourront pas non plus se faire sans les 170 000 réfugiés toujours bloqués aux frontières mauritanienne, algérienne, nigérienne et burkinabè, dans des camps du HCR.
«Les législatives, ce sont des élections de proximité, ce sont les représentants du peuple des communautés locales qu’on élit, donc si on exclut ces réfugiés, ces déplacés, c’est que l’on a occulté une partie de la voix du peuple et ce n’est pas bon pour le Mali», pense Abdelkader Sidibe.
C’est la quadrature du cercle pour Ibrahim Boubacar Keïta qui devra à la fois, ces prochaines semaines, amorcer le dialogue et les négociations avec les groupes armés et organiser les législatives. Pour relever de tels défis, le président malien devra compter sur un état de grâce issu de sa large victoire à la présidentielle.