La rage de Rajoelina!
En sa qualité de président de la Transition, Andry Rajoelina profite de son dernier passage à l’ONU pour attaquer l’attitude de la communauté internationale. Il l’accuse de partialité.
Pousser la communauté internationale dans l’incohérence de sa propre logique. Andry Rajoelina, président de la Transition, fait part d’un règlement à deux vitesses par la communauté internationale, des crises dans certains pays.
«Cette compréhension manifestée à leur endroit (soulèvements populaires dans le cadre des printemps arabes, « mouvements des indignés« ), Madagascar aurait souhaité pouvoir en bénéficier, lorsque le peuple malgache s’est soulevé contre un régime contesté, pour revendiquer une vie meilleure, à travers la mise en place d’un véritable changement», a regretté l’homme fort de la Transition lors de son discours à la tribune de l’assemblée générale des Nations unies, à New-York hier.
Andry Rajoelina déplore que «ce ne fut pas le cas, à Madagascar». Il soutient qu’«au contraire, [la Grande île] a dû faire face à l’incompréhension et à l’inflexibilité d’une communauté internationale à plusieurs vitesses». l soulève également la «lecture et l’application dogmatique des textes, alors que des soulèvements populaires ailleurs, dans des conditions identiques, avaient suscité bienveillance et sollicitude», poursuit-il.
Le président de la Transition saisit la balle au bond sur la déclaration de Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, pour faire part de ce qu’il pense. Ce dernier a dit que «partout dans le monde, des gens descendent dans la rue, ou occupent des places, pour se faire entendre de ceux qui sont au pouvoir. Ils veulent que nous, leurs dirigeants, les écoutions. Ils veulent savoir que nous faisons tout pour garantir à chacun une vie de dignité».
Andry Rajoelina s’est permis de demander de « faire cesser les inégalités de traitement des pays en crise politique. Il faut prendre connaissance de l’aspiration populaire et de la réalité sur le terrain, pour ne pas se tromper sur la décision à prendre. Ce qui est valable ailleurs, ne l’est-il pas pour autant pour Madagascar», demande-t-il. Sans le dire, il est possible qu’il fait, entre autres, référence à la pression sur lui de ne pas se présenter à la présidentielle et les fameux «sept points» du Groupe international de contact (GIC) sur la tenue des élections avant la fin de l’année sans trois candidats validés par la Cour électorale spéciale (CES).
L’homme fort de la Transition conclut son intervention en empruntant une phrase de l’écrivain anglais, James Freeman Clarke. «La différence entre le politicien et l’homme d’État est la suivante: le premier pense à la prochaine élection, le second pense à la prochaine génération», rappelle celui qui avait donné rendez-vous aux électeurs pour le scrutin de 2018.
Les partisans du régime de Transition avaient toujours soulevé ce qu’ils considèrent comme étant un «traitement inégalitaire» des crises par la communauté internationale. Cette fois-ci, Andry Rajoelina profite de ce qui devrait être en principe son dernier passage à la tribune onusienne, en tant que président de la Transition, pour vider son sac. En roue libre après son éviction de la liste des candidats à la présidentielle et le soutien de la communauté internationale du processus actuel, il n’y va pas avec le dos de la cuillère face à certains dossiers sensibles.