La CPI a « trou…Blé » la réconciliation?
Quelques semaines après avoir renoncé à expédier l’ex-première dame, Simone Gbagbo, à la Cour pénale internationale (CPI), le président ivoirien Alassane Ouattara se retrouve mis à l’épreuve par cette haute juridiction internationale. S’attendait-il à cette nouvelle donne?
En tout cas, la juridiction de La Haye prend désormais les devants et lance un mandat d’arrêt international contre Charles Blé Goudé, ancien ministre et ancien leader des tristement célèbres Jeunes Patriotes du régime de Laurent Gbagbo.
Au-delà du droit de poursuite que s’arroge légitimement la CPI, c’est un coup assez dur porté contre un processus de réconciliation qui a du mal à tenir le cap sur les bords de la lagune Ebrié.
En faisant l’effort d’élargir des caciques de l’ancien régime qui croupissaient en prison depuis la crise postélectorale qui a secoué le pays pendant plus de quatre mois, le président Ouattara espérait ainsi en récolter les dividendes pour donner un coup de fouet à la réconciliation.
Certes, Charles Blé Goudé n’a pas été un enfant de chœur pendant la crise ivoirienne. Et qu’il y a beaucoup de choses à lui reprocher, notamment des «chefs de crimes contre l’humanité» dont l’accuse aujourd’hui la CPI.
Mais il est évident qu’en le remettant à cette juridiction dont l’action pèse lourdement sur la souveraineté judiciaire des Etats africains dont les ressortissants sont pratiquement les seuls à y être jugés-, le pouvoir de Ouattara se retrouve de nouveau entre le marteau de l’opposition ivoirienne et l’enclume d’une opinion africaine hostile à la CPI.
Déjà que la pilule de la présence de Laurent Gbagbo à La Haye ne passe toujours pas, cette expédition de Blé Goudé ne fera que provoquer une nouvelle épreuve dont la Côte d’Ivoire peut bien faire l’économie en ce moment.