Qui lâche sa tâche… gâche et fâche!
Après 2 mois d’attente, la Cour suprême de Guinée a publié, le vendredi 15 novembre 2013 au soir, les résultats définitifs des élections législatives du 28 septembre de la même année ; de la même année parce qu’avec cette Guinée-là, on ne sait jamais, car 2 mois d’attente des résultats de législatives après une interminable présidentielle de plusieurs mois en 2010, il y a de quoi être sur la liste des records Guinness du moment! Tout cela montre la gravité de l’inorganisation et du désordre, accentuée par des marches-casses avec parfois morts d’hommes à la clé.
Pour revenir à ces résultats définitifs, disons qu’ils sont sans surprise, car la Cour suprême de Guinée n’a pas modifié d’un iota ceux publiés le 18 octobre par la Commission électorale nationale indépendante, qu’elle n’a donc fait qu’entériner; statistiquement parlant, ça donne:
– Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG) au pouvoir, 53 députés et ses alliés dans la Coalition Arc-en-ciel, 7 cela, sur les 114 sièges de l’Assemblée nationale, soit 60 honorables pour la majorité;
– quant au camp d’en face, à tout seigneur, tout honneur, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) obtient 37 députés, suivie de l’Union des forces républicaines avec 10 strapontins, et les autres partis de la coalition de ceux qui disputent le pouvoir à Alpha Condé et son RPG se partagent 7 sièges;
– un parti « centriste » gagne 1 siège.
Ces élections, ayant combiné scrutins uninominal et proportionnel, étaient censées parachever la transition vers la démocratie et mettre fin à l’instabilité dont souffre le pays depuis le putsch militaire de 2008, notamment en le dotant du premier Parlement vraiment démocratiquement élu depuis l’indépendance vis-à-vis de la France en 1958 et ont été reportées pendant 3 ans, mais hélas ; hélas, puisque l’opposition a immédiatement fait marcher les siens contre ces résultats, même si ses acquis ne sont pas du tout insignifiants ; seulement comme elle s’estime la gagnante du scrutin…
Les résultats de la CENI, contestés par les opposants, qui les ont jugés « irréalistes », ayant été purement et simplement entérinés à 100% par la Cour suprême, les contempteurs du pouvoir vont-ils siéger dans la nouvelle Assemblée nationale?
La Cour suprême ayant estimé que toutes les requêtes qu’elle n’a pas jugées recevables relèvent des tribunaux de base alors que ceux-ci ne peuvent juridiquement plus en être saisis, pourvu que Cellou Dalein Diallo et Cie ne recourent pas à l’arbitrage de la rue. Sans préjuger de la justesse juridico-juridique de l’argument de la Cour suprême, nous soulignons tout juste que sa décision dans cette affaire s’apparentant à une forme de lâcheté judiciaire apportera de l’eau au moulin des non-légalistes qui n’entendaient pas qu’on s’en remette à son arbitrage, lesquels auront beau jeu de dire : on vous avait prévenus contre ces fantoches du pouvoir, mais vous ne nous avez pas écoutés.
Encore que, au cas où les juges en question seraient fautifs au regard de la loi, on eût pu les comprendre s’ils eussent été des jeunes craignant de briser leur carrière, mais quand on est au soir de sa carrière et peut-être même au crépuscule de sa vie…