Le « kif » du Rif!
Un débat original a eu lieu au Parlement marocain : les députés ont étudié la question de la légalisation du cannabis dans un but thérapeutique ou industriel. Il faut dire que le Maroc est, après l’Afghanistan, le 2ème producteur mondial de «kif». La précieuse plante est essentiellement cultivée dans le nord du royaume, dans la région pauvre et montagneuse du Rif. Les défenseurs de la légalisation au Maroc tablent d’abord sur l’élaboration prudente d’un plan stratégique, puis le vote d’une loi en 2015.
La Bible de Gutenberg, les voiles de Christophe Collomb et les premier jean’s étaient fabriqués à partir de cannabis, ou plus exactement de chanvre, dont on peu aujourd’hui aussi bien faire des huiles, des tissus, des isolants que des médicaments.
Pour le Maroc, 2ème producteur mondial, l’enjeu économique est donc de taille si les agriculteurs ne produisaient plus pour les narcotrafiquants.
C’était le sens de la journée d’études organisée mercredi 4 décembre au Parlement, à Rabat. Mehdi Bensaid, jeune député à l’initiative de cet événement, affirme que «les politiques uniquement sécuritaires par rapport à ce genre de problème ne marchent plus, autant en Europe qu’au Maroc. Donc peut-être est-il temps de voir d’autres politiques sur cette problématique, peut-être n’y a-t-il pas que des méfaits qui peuvent ressortir de cette plante-là, mais aussi des bienfaits, qu’on va essayer d’étudier».
L’utilisation thérapeutique du cannabis est l’un des secteurs prometteurs pour la plante, comme l’a expliqué aux députés le Dr André Furst, un neurologue suisse dirigeant un centre de rééducation pour la sclérose en plaques…
«Souvent, les médicaments traditionnels n’étaient pas satisfaisants d’un point de vue thérapeutique. Avec le cannabis, le chanvre, on a effectivement une plante qui contient des substances qui aurait un effet myorelaxant. Beaucoup de mes malades, en se faisant soit une tisane, soit en fumant un joint, éliminaient leur raideur musculaire, avaient moins de douleur».
Au Maroc, la culture du cannabis, c’est aujourd’hui une production de 300 millions d’euros par an pour 200.000 familles d’agriculteurs du Rif, le plus souvent otages des cartels de la drogue.