Le chanteur camerounais, figure même de l’artiste engagé, avait été emprisonné 3 ans pour son rôle supposé dans les émeutes de février 2008 contre le pouvoir en place, avant de s’exiler aux Etats-Unis. C’est là qu’il est mort, dimanche 16 mars, dans les environs de New York, à l’âge de 57 ans.
Lapiro de Mbanga, de son vrai nom Pierre Roger Lambo Sandjo, est né en novembre 1957. Il débute sa carrière en 1978 au Nigeria, mais ses plus grands succès sont enregistrés au milieu des années 80, avec des titres qui vont le hisser comme l’artiste le plus populaire du pays. Il chante en pidgin et dénonce les travers de la société.
Paradoxalement, c’est pendant la même période que commencent les ennuis. L’artiste se mue en leader d’opinion et tient un rôle controversé au début des années 90, pendant les événements qui ont conduit à l’ouverture démocratique. Certains, dans l’opposition naissante, vont l’accuser de pactiser avec le pouvoir.
Mais ces dernières années, il s’est plus fait entendre par ses critiques acerbes du pouvoir en place. Il a même pris une carte du SDF, le principal parti de l’opposition, qu’il a investi deux fois dans les élections locales, dans sa ville natale de Mbanga. « C’était un artiste qui était le porte-parole de ceux qui n’ont pas de voix, se souvient Billy show, animateur culturel sur la Cameroon Radio Télévision. Et Lapiro de Mbanga essayait autant que faire se peut, de sensibiliser l’homme politique, le décideur pour prendre en compte les desideratas de ces populations. Cela ne lui a pas valu que des amis, et on n’était pas toujours assez mûr, à gauche et à droite, pour comprendre la pertinence de ses positions. »
Lapiro de Mbanga s’exile aux Etats-Unis en 2012, après avoir purgé une peine d’emprisonnement de trois ans ferme entre 2008 et 2011, accusé d’avoir été l’un des instigateurs des violentes émeutes de février 2008, qui firent 40 morts selon les chiffres officiels. Il quitte la scène avec plus de dix albums à son actif.