Retour à l’ordre constitutionnel?
Le train de l’espoir bissau-guinéen a entamé, dimanche 13 avril 2014, sa marche vers le retour à la vie constitutionnelle. En effet, ils sont 750 000 électeurs bissau-guinéens qui sont allés aux urnes, pour le premier tour de la Présidentielle et des Législatives.
En lice, 13 candidats pour la magistrature suprême et 15 partis pour les législatives. Ces élections générales sonneront-elles le retour de la Guinée Bissau à l’ordre constitutionnel interrompu, suite au coup d’Etat d’avril 2012? Bien malin qui pourra répondre à cette question.
Pendant longtemps, aucun président bissau-guinéen
n’a réussi à terminer son mandat
Il faut rappeler que la Guinée-Bissau a la mauvaise réputation d’entamer des processus électoraux qu’elle ne conduit jamais à terme.
En vérité, c’est un pays qui a connu un passé tumultueux, un Etat si c’en est un, coutumier des coups d’Etat, des assassinats politiques et donc d’une instabilité politique à nulle autre pareille. Pendant longtemps, aucun président bissau-guinéen n’a réussi à terminer son mandat.
Tous les chefs d’Etat qui se sont succédé ont été défaits au rythme et selon le bon vouloir de la Grande muette, souvent avec la complicité des acteurs politiques.
D’ailleurs, c’est consciente de cela que la Communauté économique des Etats de l’Afrique l’Ouest (CEDEAO), lors de son dernier sommet à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire, a mis en garde l’armée et les acteurs politiques contre tout acte de nature à perturber le processus électoral en cours.
Si pour l’instant, le ciel bissau-guinéen semble calme, rien n’indique que les démons de la violence et de la haine se sont endormis pour toujours.
Pour que la Guinée Bissau renoue véritablement avec une paix durable et donne de l’espoir aux générations actuelle et future, il faut que les Bissau-guinéens prennent en main leur destin.
Il est évident que le plus important n’est pas de doter le pays d’un président, mais d’œuvrer pour que celui-ci puisse gouverner le pays jusqu’à la fin de son mandat et de la façon la plus démocratique. Et sur ce point, on a de quoi être pessimiste au regard du rôle que joue l’armée.
La Guinée Bissau est un pays où la soldatesque a la gâchette facile. Mal formée et oisive, l’armée bissau-guinéenne semble plus attirée par le gain facile que par la défense de l’intégrité territoriale du pays.
Ces élections représentent un espoir pour les Bissau-guinéens
A dire vrai, la Guinée Bissau se porterait mieux sans son armée qui s’adonne à toutes sortes de pratiques répréhensibles telles que le trafic de drogue et les assassinats politiques. Une armée doit être utile à un pays, mais celle de la Guinée Bissau constitue plutôt un malheur pour cette ancienne colonie portugaise.
Cette armée a besoin d’être refondée, réformée afin qu’elle puisse mieux comprendre sa vocation. Cela dit, il faut souhaiter que le candidat qui sera élu puisse avoir les coudées franches pour mettre de l’ordre dans cette armée minée par l’affairisme et le tribalisme.
En tout cas, le futur président a du pain sur la planche car il ne sera pas aisé de redresser ce pays longtemps plongé dans la mal gouvernance, l’impunité et qui souffre de bien d’autres maux qui entravent son essor économique et social.
Et l’on peut dire que les Bissau-guinéens ont la lourde responsabilité de choisir parmi les candidats favoris, dont Paulo Gomes, celui qui fera renaître ce pays.
Il est certain que ces élections représentent un espoir pour les Bissau-guinéens dont le souhait est de tourner définitivement la page sombre des coups d’Etat militaires. C’est ainsi qu’ils pourront vaincre le signe indien.
Et avec le soutien massif de la CEDEAO, ces élections semblent être celles de la dernière chance pour la Guinée Bissau de rompre définitivement avec son passé douloureux et de réintégrer le concert des nations.
