Tu auras… «peau» te « blanchir », mais tu resteras noir!
Pour des raisons diverses, la dépigmentation est devenue un réel problème de santé au Tchad. Même les villages et les ferriques ne sont pas épargnés. Elle atteint toutes les personnes qui veulent paraître, «blanches».
Pour des raisons diverses, la dépigmentation est devenue un réel problème de santé au Tchad. Même les villages et les ferriques ne sont pas épargnés. Elle atteint toutes les personnes qui veulent paraître, «blanches». Au début, elle était un problème féminin, mais plus les jours passent, plus les hommes aussi s’y intéressent. Cependant, les conséquences sont nuisibles et les usagers continuent par l’appliquer par ignorance.
La dépigmentation se définit comme absence ou perte de pigment de la peau. Elle est née précisément à l’ex Zaïre et au Sénégal où cela a conquis les femmes. Progressivement, le continent noir est devenu un marché propice pour la vente des produits de la dépigmentation.
Les femmes et les filles tchadiennes sont entrées dans la danse dans les années 80 et le phénomène devient, en un temps record, une mode de vie. Par suivisme, nombreuses sont les femmes qui considèrent la dépigmentation comme le seul moyen de frapper à l’œil masculin.
Les hommes qui étaient distants au début de sa prolifération, commencent par s’intéresser à la dépigmentation. Au Congo, par exemple, les hommes l’appliquent de façon assidu. Au pays de Toumaï, l’émergence d’un groupe de jeunes artistes, particulièrement les stars, donne signe avant coureur de la conquête masculine de la dépigmentation.
Au Tchad, la dépigmentation a fait son entrée par mimétisme, imitation ou par culpabilité pour en devenir plus tard une mode. Elle est devenue une épidémie qui perdure et ceux qui optent pour la dépigmentation avancent diverses raisons.
Pourtant les risques sont à déplorer dans le milieu des jeunes: «quand tu es brune, les hommes t’apprécient et t’aiment beaucoup, raison pour laquelle je me maquille, je veux être belle devant mon homme, au lieu de le perdre…», soutient Nélemta Solange, l’une des partisanes de la dépigmentation.
Si certaines filles n’hésitent pas à se dépigmenter par suivisme, il y a celles qui ont tenté de mettre fin à cette pratique mais sans succès. «Je le fais pour éliminer les boutons et les tâches, mais dès que j’arrête, je deviens plus noire qu’avant. Alors je n’ai pas d’autre choix que de continuer», souligne une autre qui veut garder l’anonymat. Pour se dépigmenter il faut aussi des moyens financiers, ce qui crée régulièrement de tension entre celles qui la pratiquent et leur famille, amis ou époux, puisqu’elles détournent parfois l’argent de ration alimentaire ou demandent tout le temps de l’argent.
Les dégâts de la dépigmentation sont inimaginables. La pratique de la dépigmentation se fait à des longues durées et par les produits détournés de leur usage médical ou des produits illicites non conformes à la réglementation des produits cosmétiques, dangereux pour la santé.
Ces produits contiennent d’hydroquinones, de corticoïdes, de dérivés mercuriels. Ils exposent les adeptes à des maladies de peau, l’apparition ou l’aggravation d’infections de la peau (gale, mycoses, infections bactériennes sévères), l’apparition ou aggravation d’une acné parfois sévères, trouble de la pigmentation parfois définitifs, vieillissements , amincissement de la peau à l’origine des problèmes de cicatrice, vergetures larges très inesthétiques et irréversibles l’hypertension artérielle, diabètes, risques toxiques chez la femme enceinte ou allaitement de l’enfant, complications rénales et neurologiques, odeur incommodantes, cancer de peau et la peau devient multicolore faute d’un budget conséquent.
Eviter la dépigmentation, c’est préserver sa santé avec une peau saine.