Ira… ira pas?
S’il honore le rendez-vous du 8 octobre prochain, le président kényan Uhuru Kenyatta sera considéré comme le premier chef d’Etat en exercice à comparaître devant la Cour pénale internationale.
S’il honore le rendez-vous du 8 octobre prochain, le président kényan Uhuru Kenyatta sera considéré comme le premier chef d’Etat en exercice à comparaître devant la Cour pénale internationale. Une situation qui devrait permettre à cette haute juridiction internationale de mettre la dernière main à son dossier et de préparer sereinement le procès de «crimes contre l’humanité» dont le président Kenyatta est accusé à l’issue des crises postélectorales de 2007 et de 2009.
En revanche, s’il ne se présente pas à La Haye comme l’ont souhaité ses avocats, il aura non seulement l’honneur sauf, mais il pourra être considéré comme avoir mis au défi la CPI. Et là, il n’est pas exclu que la procureure corse la situation en lançant un mandat d’arrêt contre le président-accusé.
Ce qui donnera nécessairement lieu à un bras de fer dont l’issue sera aussi incertaine que celui qui à cours depuis lors entre la CPI et le président soudanais Omar El Béchir.
En tout cas et dans tous les cas, la pression est de chaque côté. La CPI joue son va-tout dans ce dossier Kenyatta après celui de l’ancien président Laurent Gbagbo. D’un côté, la haute juridiction est sérieusement mise en cause par une opinion africaine qui la considère comme «l’instrument d’un impérialisme occidentale décidé à humilier l’Afrique».
De l’autre, elle constitue malheureusement le seul recours au service des victimes africaines de crimes commis ou commandités du plus haut sommet des Etats. Ainsi, la CPI a certainement besoin de procéder à une autocritique certaine, mais on ne peut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, en vouant la cour aux gémonies.
C’est à une épreuve certaine que la CPI soumet le Kenya et son président. Et Uhuru Kenyatta a le choix entre l’affronter la tête haute, s’il n’a rien à se reprocher ou bien refuser d’aller à La Haye et se mettre à dos cette institution dont l’Afrique ne peut pas se passer pour le moment.
S’il fait un choix ou un autre, il doit donc pouvoir aussi l’assumer..