Lougué a loupé ou été loupé?
Un personnage a émergé, jeudi 30 octobre dans les manifestations à Ouagadougou, le général en retraite Kouamé Lougué. Des dizaines de milliers de manifestants ont scandé son nom. Kouamé Lougué a lui-même été chef d’état-major des armées et ministre de la Défense, avant d’être limogé par le président Compaoré en 2003.
Un personnage a émergé, jeudi 30 octobre dans les manifestations à Ouagadougou, le général en retraite Kouamé Lougué. Des dizaines de milliers de manifestants ont scandé son nom. Kouamé Lougué a lui-même été chef d’état-major des armées et ministre de la Défense, avant d’être limogé par le président Compaoré en 2003. Selon les militants de la société civile, seul un militaire pourra négocier face à des militaires, et c’est pour cela qu’ils ont choisi Kouamé Lougué. Il a été chef d’état-major particulier du président burkinabé au début des années 2000, mais il a quitté ses fonctions en 2005, après avoir été congédié par Blaise Compaoré. Il est difficile d’en savoir encore beaucoup sur le général Lougué. En tout cas, une foule de quelques milliers de manifestants a scandé son nom, jeudi après-midi, quand ils marchaient vers le palais présidentiel. Il se serait montré dans la foule, dans le centre-ville de Ouagadougou, place de la Révolution, et c’est à l’annonce de son nom que les négociations ont pu s’ouvrir avec les militaires.
Quand la foule s’est approchée du palais présidentiel dans le quartier de Ouaga 2000, plusieurs militaires issus de la sécurité du président se sont avancés en direction des manifestants, les bras levés pour montrer leur volonté de dialoguer, et là, trois personnages de la société civile sont sortis de la foule pour discuter d’abord avec cette délégation puis ensuite, avec le chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré, qui est arrivé du palais présidentiel. Il a emmené ces trois militants rencontrer le président Burkinabé. L’armée semblait décidée à calmer cette foule qui arrivait sur le palais pour éviter le bain de sang, c’est ce qu’a dit cette délégation de la sécurité présidentielle. Il y a eu des morts le matin et des blessés, et l’on a vraiment senti que les militaires burkinabé ne voulaient pas tirer sur leurs compatriotes désarmés, en tout cas ceux qui arrivaient vers le palais présidentiel.
Les 3 militants de la société civile sont donc allés rencontrer le président Compaoré. Ils sont restés une trentaine de minutes avec lui, et quand ils sont revenus, ils ont expliqué que Blaise Compaoré allait bientôt prendre la parole sur la chaîne de télévision BF1, la seule chaîne qui puisse encore émettre aujourd’hui, car la télévision nationale a été détruite, mercredi matin, et une autre chaîne privée a décidé de fermer ses locaux. Les militants qui ont vu Blaise Compaoré ont demandé à la foule qu’elle se disperse, pour attendre le message du président Burkinabé. Et c’est peu après que l’on a appris la dissolution du gouvernement. Cela allait-il suffir? Non, car les Burkinabé étaient vraiment décidés à demander la tête de Blaise Compaoré. Tout le monde attendait donc désormais cette déclaration à la télévision.
Le général Kouamé Lougué agissait-il de concert avec l’opposition? C’est la question que tout le monde se posait. Il rappelait qu’il était encore un militaire actif, général de la 2ème section, et que même s’il ne faisait plus partie du commandement de l’armée, il est toujours à la disposition de l’état-major, et a-t-il dit, du président. Il prétendait ne pas comprendre pourquoi les manifestants scandaient son nom, même s’il se savait populaire et connu de la population, assurant être du côté de ses frères d’armes, qu’il ne remettait pas en cause l’autorité du chef de l’Etat qu’il assurait, juste avant la déclaration du chef d’état-major, et le chef suprême des armées, mais qu’il allait se ranger à la décision de l’état-major. Il avait expliqué que l’important, à ses yeux, était que l’armée se range du côté de la population, et qu’elle avait pour vocation d’être toujours du côté de la population.
Pour la chronique, actuellement, après s’être fracturé une jambe lors des récents événements, le général Kwamé Lougué a été évacué en France pour des soins plus appropriés. (Lire l’article: https://www.africanouvelles.com/africains-de-la-diaspora/immigres-en-italie/9599-crise-burkinabe-blesse-le-general-burkinabe-kouame-lougue-evacue-en-france.html)