Béchir jubile!
Fatou Bensouda a fait part de sa décision lors d’un discours devant le Conseil de sécurité auquel elle présentait un rapport.
Le président soudanais Omar el-Béchir se réjouit de la suspension par la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) de son enquête sur le Darfour. Fatou Bensouda a fait part de sa décision lors d’un discours devant le Conseil de sécurité auquel elle présentait un rapport.
Cinq Soudanais, dont le président Béchir, sont suspectés par la CPI de crimes graves commis au Darfour, mais aucun n’a encore été traduit devant la Cour. En dépit de deux mandats d’arrêt émis contre lui, le chef de l’Etat soudanais continue de se déplacer, sans être inquiété, dans de nombreux pays.
«La situation au Darfour continue de se dégrader, la brutalité des crimes commis est de plus en plus prononcée, les femmes et les enfants sont les principales victimes des attaques ciblant les civils innocents. Cela fait presque 10 ans que mon Bureau fait rapport au Conseil et jamais une recommandation stratégique ne lui a été fournie en retour», s’est indignée Mme Bensouda, dénonçant notamment les exactions commises par les Forces d’action rapide commandées par l’ex-milicien janjaweed Mohamed Hamdan.
Etant donné la passivité du Conseil et le manque de ressources pour mener à bien ses enquêtes, Mme Bensouda a déclaré ne plus avoir d’autre choix que de suspendre jusqu’à nouvel ordre ses travaux d’enquêtes sur le Darfour.
Dans sa réaction, le président Béchir a crié victoire samedi, selon l’agence officielle Suna.
«Le peuple soudanais a refusé d’être humilié et de plier», a souligné le dirigeant soudanais, qualifiant la Cour «d’outil visant à humilier et à soumettre» les Soudanais.
Au pouvoir depuis 25 ans, Béchir fait l’objet de mandats d’arrêt de la CPI datant de 2009 et 2010 pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide au Darfour, une région de l’ouest soudanais en proie à la guerre depuis 2003. Les violences au Darfour ont fait plus de 300.000 morts et 2 millions de déplacés depuis l’insurrection en 2003 de rebelles appartenant à des tribus non arabes, qui dénoncent leur marginalisation.
Vendredi 12 décembre, un autre président africain, Yoweri Museveni, s’en était pris à la CPI. Le chef de l’Etat ougandais, qui s’exprimait depuis Nairobi, à l’occasion du 51ème anniversaire de l’indépendance du Kenya, a affirmé que la CPI était «un outil» entre les mains des Occidentaux pour «viser» l’Afrique, et même «pour déstabiliser les Etats africains». Il a cité le cas de son homologue kényan Uhuru Kenyatta qui était poursuivi par la Cour, avant de voir enfin les charges retirées au début du mois. Le président ougandais annoncé qu’il déposerait fin janvier prochain, au sommet de l’Union africaine (UA), une motion demandant aux Etats africains de se retirer du Traité fondateur de la Cour pénale internationale.
L’UA a déjà, par le passé accusé la CPI de «racisme». L’année dernière, l’Union africaine avait demandé officiellement la suspension des procédures visant Kenyatta et son vice-président William Ruto.