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BEIJI CAÏD ESSEBSI: Le vieux Caïd et le pouvoir

Aux âmes bien nées…

la valeur « attend » le nombre des années? 

Plus que l’élection, c’est l’après-scrutin que tout le monde redoutait. Surtout qu’au cours de la soirée électorale, sans attendre l’annonce officielle, le chef du parti Nidaa Tounes, Beji Caïd Essebsi, s’est proclamé vainqueur au grand dam de son challenger, le président sortant de la transition, Moncef Marzoki, qui n’a pas manqué de crier à la précipitation et d’accuser ses adversaires de fraudes multiples et diverses. 

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Mais finalement la lourde hypothèque qui pesait sur l’élection présidentielle a été levée, dimanche 22 décembre dans l’après-midi quand l’ISIE (Instance Supérieure des Elections), a déclaré officiellement BCE (comme on le surnomme), vainqueur avec 55,68% des voix contre 44,32% des suffrages pour Marzoki.  

Bien sûr tous les observateurs reconnaissent le calme et la relative transparence dans laquelle l’élection s’est déroulée avec comme cerise sur le gâteau un taux de participation qui ferait pâlir de jalousie les démocraties occidentales. 

55-45! Les deux finalistes ont presque fait jeu égal dans ce qui constituait les premières vraies élections démocratiques depuis l’indépendance du pays en 1956, loin du score introuvable à la Ben Ali que, par décence, ceux-là qui concoctaient les résultats en laboratoire évitaient de porter à 100%. 

Cela dit, ce scrutin donne 4 grands enseignements:

■ Tout d’abord, quelque part c’est une élection qui réconcilie la Tunisie avec les valeurs démocratique et avec elle-même, et s’il y a un geste qu’on devrait saluer, c’est l’élégance républicaine du perdant qui a tout de suite félicité le gagnant sur sa page Facebook. Dans une Afrique où les résultats des élections sont invariablement contestés, c’est suffisamment rare et même notoire pour ne pas être apprécié à sa juste valeur.

■ Ensuite, avec (le) Caïd au pouvoir, c’est un retour en grâce de l’ère Bourguiba dont il a été, rappelons-le, entre autres, le Chargé de mission à la Présidence du Conseil, ministre de l’Intérieur et ministre des Affaires étrangères. Le «Combattant Suprême» reste d’ailleurs l’une de ses idoles, même si à l’évidence, il ne pourra pas gouverner comme son icône, car le contexte a bien changé, la population tunisienne à majorité jeune aujourd’hui n’ayant pas connu cette époque, et ce serait osé de dire qu’on renoue avec le Bourgibisme.

■ De plus, quelque part avec l’âge presque canonique de BCE, c’est presque une transition dans une transition qui s’annonce, car à 88 ans, on le voit mal solliciter un second bail à l’issue de ce mandat qui s’amorce.

■ Enfin, avec Beji Caïd Essebsi, c’est quelque part le péril islamiste qui planait sur la Tunisie qui s’éloigne, même s’il lui faudra composer avec toutes les autres forces politiques, car il n’a pas obtenu une majorité écrasante pour pouvoir gouverner seul.

Une chose est sûre: de grands chantiers attendent le «premier président tunisien démocratiquement élu», notamment la lutte contre le terrorisme qui a même menacé le scrutin présidentiel à un moment donné, et surtout l’amélioration de la situation économique. Bref, ce n’est donc qu’au pied du mur que l’on jugera son talent de maçon.

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