Chaos sans… « aLibye »?
L’attaque contre un hôtel cinq étoiles de la capitale libyenne a fait 9 morts, dont 5 étrangers, mardi. Un Français et un Américain figurent notamment parmi les victimes. L’opération a été revendiquée par la branche libyenne de l’organisation Etat Islamique.
L’hôtel Corinthia, ancienne propriété de la famille Kadhafi, en plein cœur du quartier des affaires de Tripoli, était un des rares endroits à encore accueillir diplomates, hommes politiques et étrangers. Pourtant sa sécurité avait déjà été mise à mal en octobre 2013, lorsque le Premier ministre de l’époque, Ali Zeidan, avait été enlevé de sa chambre d’hôtel. Au moment de l’attaque, le 5 étoiles était presque vide. La plupart des délégations étrangères ont quitté Tripoli, cet été, suite à la détérioration des conditions de sécurité.
Deux très jeunes jihadistes, un Tunisien et un Soudanais, ont ouvert le feu tuant 9 personnes avant de se faire exploser. Les Etats-Unis et la France ont chacun confirmé la mort d’un de leurs citoyens. L’Américain tué dans l’attaque travaillait pour une compagnie de sécurité. Son profil sur un réseau social professionnel indique qu’il avait été dans les Marines, pendant plus de 10 ans. Selon un de ses amis, l’homme aurait été tué d’une balle dans la tête. Les assaillants sont montés au 24e étage de la tour où se trouvait son bureau. Un Français a aussi trouvé la mort dans l’attaque. Selon plusieurs sources, il s’agirait d’un pilote qui travaillait pour la compagnie aérienne libyenne Buraq. Deux de ses collègues seraient aussi morts dans l’attaque.
Trois attentats en un mois à Tripoli
A peine lancé en novembre dernier, dans son fief de Derna en Cyrénaïque, la branche libyenne du groupe EI revendique, presque chaque semaine, un attentat dans le pays, et ne cesse d’étendre son influence, malgré les dénégations des milices de Tripoli. En à peine un mois, il s’agit du 3ème attentat revendiqué par l’organisation Etat islamique en plein cœur de la capitale libyenne. Fin décembre, des voitures avaient déjà explosé à Tripoli devant les ambassades désaffectées des Emirats arabes unis et d’Egypte. La semaine dernière, même scénario devant l’ambassade d’Algérie, toujours sans faire de victime. L’attaque d’hier contre l’hôtel de luxe Corinthia a été beaucoup plus sanglante.
Lancée officiellement par l’émir irakien Abou Bakr al-Baghdadi en novembre, cette branche libyenne du groupe Etat islamique est de plus en plus active: d’abord au combat à Benghazi contre les forces du général Haftar, parfois à coups d’attentats-suicide de combattants étrangers. Mais également par des actions revendiquées dans la ville de Syrte, avec l’enlèvement de 21 coptes égyptiens en janvier ou encore la revendication de l’assassinat de deux journalistes tunisiens non confirmé par Tunis.
Les milices islamistes Fajr Libya, maîtresses de Tripoli, depuis août préfèrent nier l’existence de l’organisation EI en Libye. Pourtant le groupe est bien présent et entend, depuis sa base de Derna dans l’est, étendre son influence en dehors de son bastion irako-syrien au Maghreb et au reste de l’Afrique.