Lagarde dit de tenir haute la garde… du développement!
Après avoir vanté la démocratie sénégalaise comme pouvant être un modèle pour l’Afrique, la directrice générale du Fonds monétaire international (Fmi) n’a pas manqué de mettre en garde le pays. Selon Christine Lagarde, qui prononçait un discours à l’Assemblée nationale, le Sénégal ne peut pas se reposer sur ses lauriers même si les fondements de sa croissance ont été posés.
A l’en croire, «celle-ci (croissance : ndlr) n’est ni vigoureuse, ni suffisamment bien partagée pour libérer le potentiel du pays, réduire sensiblement la pauvreté et assurer un avenir meilleur aux jeunes sénégalais». Heureusement, il existe, selon elle, une feuille de route appelée Plan Sénégal Emergent (Pse) qui propose une trajectoire ambitieuse mais réaliste au terme de laquelle le Sénégal deviendrait un pays émergent. Devant les députés, la directrice du FMI est aussi revenue sur les enseignements que le Sénégal peut tirer de l’expérience des pays qui ont réussi à pérenniser leur décollage économique. Il s’agit premièrement pour le Sénégal, de mettre l’accent sur une gestion budgétaire prudente et la stabilité macroéconomique comme l’ont fait des pays comme l’Inde, la Guyane, le Sri Lanka, Maurice, l’Ouganda et le Cap-Vert.
Deuxièmement, le Sénégal doit accroître les exportations en s’ouvrant à l’investissement direct étranger. «Pendant les épisodes de croissance, la plupart des pays ont accru leurs exportations de manière spectaculaire», a fait savoir Christine Lagarde.
Pour le troisième enseignement, il s’agira pour le Sénégal de renforcer les institutions et développer le capital humain. «Un taux de croissance ambitieux n’est pas un objectif en soi. Il doit aussi conduire à une augmentation du bien-être de toute la population», a-t-elle indiqué. A l’en croire, il ressort de l’expérience internationale que lorsque cette dimension importante est négligée, les résultats peuvent être catastrophiques. L’absence de perspectives d’emploi et l’investissement limité dans le capital humain peuvent, selon la directrice du Fmi, «entrainer des déséquilibres croissants des revenus entre les zones rurales et urbaines, les hommes et les femmes, les populations jeunes et âgées».
Des réformes pour dynamiser l’économie
Selon la patronne du Fmi, le gouvernement dispose d’un solide programme de développement et il existe un consensus parmi les parties prenantes sur la nécessité d’opérer des réformes. Mais, il faut, selon elle, avant tout, opérer une masse critique de réformes pour rompre résolument avec le passé et accélérer la croissance et dynamiser l’économie sénégalaise.
Il s’agit d’abord de renforcer la gestion des finances publiques et combler le déficit des infrastructures.
La deuxième réforme consiste, selon Mme Lagarde, à améliorer le climat des affaires de manière à accélérer la transformation structurelle. «Il serait important d’élargir la portée des réformes réglementaires qui ont débuté afin d’attirer un investissement étranger indispensable. Il convient aussi de soutenir la création des petites et moyennes entreprises afin que les jeunes puissent obtenir des emplois productifs dans le secteur formel. C’est un pilier essentiel des aspirations des jeunes dans le monde entier», a-t-elle indiqué.
Enfin, la troisième réforme consiste à mieux partager les bienfaits de la croissance. «Il n’est pas suffisant de réaliser un taux de croissance élevé. Il est nécessaire de mettre en œuvre une politique sociale préventive afin de développer le capital humain et de veiller à ce que la croissance profite au plus grand nombre», fait remarquer la directrice du Fmi.