Après des semaines de tractations, la Tunisie post-Ben Ali prend forme.
Les partis Ennahda, le Congrès pour la République (CPR) et Ettakatol, vainqueurs de la première élection libre en Tunisie, sont tombés d’accord sur le trio qui dirigera le pays pour une période intérimaire de dix mois, déterminante pour l’avenir de la Tunisie.
Les trois partis en question ont pour l’heure conclu «un accord de principe» attribuant la présidence de la République à Moncef Marzouki du CPR, celle de l’Assemblée constituante à Mustapha Ben Jaâfar du parti Ettakatol, et la chefferie du gouvernement à Hamadi Jebali du parti islamiste Ennahda.
Moncef Marzouki, 66 ans, opposant au long cours au régime de Ben Ali, a vécu pendant 10 ans en exil avant de revenir en Tunisie après la Révolution. Son parti se qualifie de gauche nationaliste et s’est toujours déclaré favorable à une cohabitation avec les islamistes.
Hamadi Jebali, numéro deux d’Ennahda, a passé, lui, plus de 15 ans dans les geôles de l’ancien régime. Sa candidature au poste de Premier ministre avait été déjà évoquée par son parti, après le scrutin du 23 octobre. Le parti islamiste Ennahda, grand vainqueur des élections, entend bien gouverner le pays sur le mode de la moralité, après des décennies de gouvernance marquées par la corruption et le népotisme.
Mustapha Ben Jaâfar, enfin, fondateur d’Ettakatol, parti de gauche, membre de l’Internationale sSocialiste, est également un ancien opposant au régime de Ben Ali, et considéré comme «intransigeant et pragmatique».
En attendant que les trois partis annoncent officiellement ces nominations, les discussions sur la répartition des portefeuilles du gouvernement vont toujours bon train. Toujours est-il que l’accord tripartite devrait passer par la validation de la Constituante.
Les tractations entre les partis tunisiens ne pourront formellement aboutir qu’après la première convocation de la nouvelle assemblée, qui devra d’abord valider la nomination du nouveau président de la République. Ce dernier désignera le Premier ministre, qui devra ensuite soumettre son équipe à l’Assemblée. Les négociations pour le gouvernement intérimaire ont achoppé pendant plusieurs jours sur l’attribution des postes importants dont celui de la présidence de la République, revendiqué à la fois par Marzouki et Ben Jaâfar. Les médias tunisiens se sont, depuis des semaines, étalés sur «la bataille de Carthage entre Marzouki et Ben Jaâfar».
Le parti islamiste Ennahda a emporté 89 sièges, le CPR 29 et Ettakatol 20 sur les 217 que compte l’Assemblée constituante appelée à élaborer un texte fondateur de la nouvelle Tunisie et de désigner formellement un exécutif jusqu’aux élections générales prévues dans une année.