Chronique d’un feuilleton judiciaire!
Le procès Karim Wade touche à sa fin. Lundi 16 février matin, ont commencé les plaidoiries. Seules les voix de l’accusation ont été entendues, car les avocats de la défense boycottent le procès depuis la mi-janvier. Karim Wade ne devrait pas non plus assister aux plaidoiries. En revanche, en l’absence de leurs avocats, les co-accusés devraient prendre la parole. On s’achemine donc vers la fin d’un procès mouvementé qui a largement dépassé les portes du tribunal.
Il y a d’un côté, les dix avocats de l’Etat qui prennent la parole tour à tour. Les plaidoiries ne devraient pas s’éterniser, elles prendront fin mardi ou mercredi, selon un des avocats de la partie civile, Maître El Hadj Diouf.
De l’autre, les avocats de la défense qui ont affirmé ne pas prendre part à cette dernière étape du procès. Car depuis le 20 janvier, les avocats désertent la salle d’audience pour protester, disent-ils, contre les violations récurrentes des droits de la défense.
Et depuis ce départ, le procès a largement dépassé les portes du tribunal. Abdoulaye Wade, ancien président et père du principal accusé, ne cesse de réclamer la libération de son fils dans la rue en organisant meetings et manifestations ces dernières semaines. L’ancien président s’est même rendu, samedi 14 février en toute discrétion à la prison de Rebeuss. Selon son entourage, c’était la première fois que l’ex-président revoyait son fils depuis son incarcération, il y a près de 2 ans.
Rebondissements à n’en plus finir
Quand le 31 juillet dernier, le procès s’est ouvert, chacun savait bien que le dossier était compliqué, les enjeux politiques importants.
Le fils emblématique des années Wade et de ses excès dans le box des accusés, l’affiche était belle. Mais qui allait imaginer que le procès allait durer aussi longtemps et offrir tant de rebondissements: un des prévenus très malade conduit en civière, le limogeage spectaculaire du procureur spécial en pleine audience. Un homme hors de contrôle, a dit dernièrement le ministre de la Justice.
Puis l’expulsion d’un des avocats de la défense suite à un échange verbal avec le président de la cour qui a donc entraîné le boycott de tous les avocats de la défense.
Puis Karim Wade dans la foulée qui, dénonçant les violations de ses droits, refuse d’assister aux audiences. Voilà ensuite qu’un des juges de la cour, un assesseur, démissionne à son tour.
Tous ces rebondissements discréditent de facto la CREI (Commission de Répression de l’Enrichissement Illicite), ce tribunal spécial qui était déjà contesté par la défense, souligne Me Assane Dioma Ndiaye de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme, pour qui, le procès a totalement dérapé.
Inversement, du côté du mouvement du M23, fer de lance du combat pour l’alternance, on estime qu’il est important de maintenir le cap au nom du principe de la reddition des comptes.
Et après les plaidoiries, ce sera au tour du procureur spécial de prononcer le réquisitoire du parquet. La Cour de répression de l’enrichissement illicite devrait ensuite mettre le procès en délibéré.