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« BARA GNINI »: Des Sénégalais inventent leur métier en Italie

En temps de crise il faut jouer de l’esprit de la débrouillardise. Et si l’on se met à la place de nos compatriotes sans ou avec des papiers de séjour peu qualifiés, d’autres d’un age avancé et rejeté par le système de travail, on comprend mieux qu’il faut jouer des coudes et avec beaucoup d’imagination pour survivre sans tomber fatalement dans les mauvais trafics. 

 

Certains de nos compatriotes ont compris l’enjeu et ont ressorti en Italie un vieux métier de notre pays: le “bara gnini” c’est-à-dire porteur de bagages. Rappelons que ce métier existe au Sénégal pays d’immigration aussi et ce métier était le monopole des Peuls Fouta et autres immigrés nous venant des divers pays de l’Afrique de l’Ouest. Nos compatriotes d’Italie n’ont fait que transposer ce métier en Italie. Et ont envahi les parkings des grands supermarchés des grandes villes d’Italie surtout ceux de Metro spécialisés dans le secteur de l’approvisionnement des boutiquiers et restaurateurs. Ici ces professionnels viennent faire leurs achats et en quantités chaque jour. Nos compatriotes ont compris l’opportunité et offrent leur service de chargement des voitures des clients moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes. Et tout le monde y trouve son compte. 

Le client récupère le gros chariot de son point d’accrochage devant le supermarché en enfilant une pièce de 1 euro et rentre dans le super pour faire ses achats. A sa sortie et avec ses gros et lourds cartons posés sur le chariot,il avance difficilement et surtout après une dure journée de labeur. Plus que de simples porteurs,ils sont des assistants à la clientèle. Le sénégalais l’intercepte l’aide à pousser le chariot jusqu’à sa voiture, décharge tout seul la marchandise, range tout derrière et le client tout content de s’être libéré de cette lui glisse certaines pièces qui peuvent avoisiner les 5 euros. Notre compatriote va replacer le chariot dans son point d’accrochage et récupère le 1 euro pour son compte. 

Les responsables du Supermarché Metro trouvent leur compte dans ces échanges et apprécient beaucoup la sympathie de nos compatriotes prêts à lancer “Ciao Amico” à l’endroit des clients comme phrase d’accroche mais surtout leur sérieux et leur disponibilité dans le boulot. Leur présence assure aussi la sécurité des parkings et dissuadent le passage des voleurs. 

Assez pour établir une collaboration entre la direction et ces nouveaux types de porteurs de bagage aboutissant à un pacte verbale consistant à organiser le travail en 2 tournées de 6 personnes/jours et à limiter le nombre à 12 personnes évitant ainsi l’invasion des parkings par d’autres personnes indésirables. Une collaboration qui marche et selon leur chef du groupe, chaque travailleur arrive à porter à la maison environ 50 euros par jour soit 32.000 CFA. Un bon business. 

Baye Diouf (seneweb.com)

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