Sans coup férir, après le coup d’état!
L’élection présidentielle a été fixée au 29 novembre, à l’issue d’une concertation entre tous les acteurs de la transition au palais présidentiel.
Les élections présidentielle et législatives pourraient se tenir le 29 novembre 2015. C’est ce qui est ressorti de la rencontre du Président du Faso, Michel Kafando, avec les membres signataires de la Charte de la Transition, tenue dans l’après-midi du 13 octobre 2015, dans la salle polyvalente du palais de Kosyam à Ouagadougou.
«Nous avons entendu beaucoup de gens agir, faire des propositions fantaisistes. Mais il faut tenir compte de la réalité que nous avons vécue avec ce coup d’Etat du 16 septembre. J’ai même plus ou moins été indisposé de voir que pendant que nous avions des victimes innocentes qui dormaient encore à l’hôpital, des gens ne parlaient que d’élections. Nous nous sommes entendus et nous avons trouvé un consensus pour le prochain chronogramme. Je ne peux pas vous dire la date parce que demain (NDLR : le 14 octobre), il faudra que le Conseil des ministres l’examine. Mais ce que je peux vous dire, c’est que les élections se situeront vers la fin du mois de novembre», a déclaré le Président du Faso, Michel Kafando, pour lequel il n’est pas question de prolonger le mandat de la Transition. «Tout doit être organisé durant l’année 2015», a-t-il soutenu, confiant . Il a également confié qu’une esquisse de la situation sécuritaire a été faite par le Chef d’état-major général des armées, le Général Pringrenoma Zagré. .
Qu’à cela ne tienne, la date du 29 novembre semble faire l’unanimité au sein des parties signataires de la Charte de la Transition.
A l’entame de sa rencontre avec les membres signataires de la Charte de la Transition, composés, entre autres, de partis et formations politiques de l’ex-Chef de file de l’Opposition (CFOP) et de l’ex-majorité, d’Organisations de la société civile (OSC), d’autorités religieuses et coutumières, de Forces de défense et de sécurité, le Président du Faso a d’abord demandé d’observer une minute de silence en mémoire des martyrs du putsch du 16 septembre 2015. Dans son allocution, il a aussi salué le sursaut patriotique dont ont fait montre les différents patriotes, notamment les jeunes, pour barrer la route à toute velléité de confiscation du pouvoir par les armes.
SOUS L’ARBRE À PALABRES
Roch Marc Christian Kaboré
(MPP: Mouvement du Peuple pour le Progrès)
«Le président a proposé que ce soit la date du 29 novembre qui soit arrêtée pour la tenue des élections. Nous avons pris acte de cette proposition, étant entendu qu’en dernière analyse, c’est le gouvernement qui a tous les éléments en ce qui concerne la sécurité et le bon déroulement des élections. C’était l’objet de la rencontre à laquelle nous avons assisté. De toute façon, ce qui est important pour les partis politiques, c’est que les élections se tiennent rapidement. Ce qui est important aussi pour le peuple burkinabè, c’est d’avoir une perspective d’organisation des élections. C’est important pour nous et pour la communauté internationale. Il ne s’agissait pas pour nous de venir batailler sur des dates. Ce sont des questions de sécurité qui ont été exposées, nous en avons pris bonne note. Concernant les questions sécuritaires, il semble que ce sont les mêmes personnes en charge de la sécurité du territoire qui vont se charger de la sécurisation des élections. Ce faisant, il est évident que cela pose un problème d’effectif. De ce point de vue, nous ne pouvons que prendre acte de ces dispositions qui sont compréhensibles. En ce qui nous concerne, nous nous sommes toujours rangés du côté de ceux qui proposaient de tenir les élections le 15 novembre. Mais il n’y a que 2 semaines entre cette date et celle du 29 novembre. Selon les informations reçues, cela ne nécessite pas une modification de la Charte de la Transition, donc n’ouvre pas la boîte de Pandore. Par conséquent, nous avons tous souhaité que les élections se tiennent le 29 novembre».
Harouna Kaboré
(OSC: Organisations de la Société Civile)
« Nous avons pris part à cette rencontre en tant que partie signataire de la Charte de la Transition. Nous avons écouté l’intervention du chef d’état-major général des armées, le général Pingrenoma Zagré, qui indiquait les dispositions opérationnelles prises pour sécuriser le territoire national. Il a estimé qu’à partir de la mi-novembre, le territoire sera suffisamment sécurisé pour que nous allions aux élections. Pour cela, le président Michel Kafando a soumis à l’approbation des signataires de la Charte, la proposition de la date du 29 novembre. Nous avons vu tour à tour les différents acteurs prendre la parole, et nous indiquer qu’ils s’inscrivaient dans cette logique. A partir de cet instant, la société civile, qui n’est pas partisane, a pris acte du fait que les différents acteurs s’accordent pour aller aux élections le 29 novembre. Nous avons, pour notre part, souhaité qu’entre la date d’aujourd’hui (NDLR 13 octobre) et le 29 novembre, certaines de nos préoccupations soient prises en compte. Nous avons souhaité la mise en œuvre d’un certain nombre de lois qui ont été proposées par la Commission de réconciliation nationale et des réformes ; que le Conseil national de la transition puisse adopter une loi modificative de la Constitution qui verrouille définitivement son article 37, qui supprime le Sénat, affirme le caractère républicain de l’armée. Il faudra aussi ajouter un titre à la Constitution, tirant leçon de notre histoire qui permet d’avoir une unité spéciale, formée de gendarmes et de policiers qui vont désormais s’occuper de la sécurité de nos institutions, notamment la sécurité présidentielle, parce que nous revenons de loin. Nous avons indiqué qu’il est essentiel qu’il y ait un accord politique autour de la nouvelle Constitution qui est proposée pour que nous puissions envisager pour les élections municipales par exemple, un couplage avec un référendum sur la Constitution, permettant de passer à la Ve République. Nous avons pensé qu’en le disant devant les signataires de la Charte, cela donnerait la possibilité au gouvernement de travailler avec les acteurs, pendant qu’on prépare les élections, à régler simultanément les autres questions, notammant celles de justice.»
Ablassé Ouédraogo
(« Le Faso Autrement« )
« Une élection est une équation à plusieurs inconnues. L’une de ces inconnues est la sécurité. L’entretien que nous venons d’avoir avec le président du Faso, assisté du chef d’état-major général des armées, nous a donné l’occasion, à nous acteurs de la vie politique, de nous rendre compte de ce qu’il y a comme difficulté pour les questions de sécurité. Une élection n’a de sens que si elle se déroule dans la paix, dans la sérénité et dans la tranquillité. C’est pourquoi dans la concertation, la date du 29 novembre a été arrêtée par l’ensemble des acteurs politiques du Burkina Faso pour l’organisation des élections législatives et présidentielle. Les Burkinabè savent se retrouver pour parler en moment difficile. C’est ce que nous venons de démontrer encore une fois, et nous disons que Dieu aime le Burkina, et que les Burkinabè apprennent en retour à s’aimer. »
Amadou Dabo
(Représentant de l’ex-Majorité)
« Le président nous a communiqué une date à laquelle il pense que les élections peuvent se tenir. C’est la date du 29 novembre. Nous ne pouvons que dire que nous n’y voyons pas d’inconvénient. Quant à la question sécuritaire, ils sont là-dessus. Nous avons souhaité qu’il y ait un dialogue inclusif de sorte que les partis politiques se parlent entre eux. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas de la même formation politique qu’on devient ennemi. Concernant l’état sécuritaire du pays, le gouvernement qui assure la sécurité des populations a dit avoir pris des engagements pour sécuriser le territoire national. Que peut-on dire de plus ? »