En Afrique de l’Ouest, elle est devenue une demi-déesse en incarnant le rôle de Vaidehi dans la célèbre série éponyme. Et son accueil chaleureux au Sénégal et en Côte d’Ivoire en 2010 l’a prouvé.
La jeune actrice garde un souvenir indélébile de sa rencontre avec ces fans africains et affirme être prête à s’engager socialement en faveur des femmes du continent. Elle le confie bien avec enthousiasme. C’est arrivé il y a 6 ans, mais l’émotion résonne toujours dans la voix de Pallavi Kulkarni quand elle parle de son arrivée à Dakar. «À la sortie de l’avion, j’ai vu cette foule immense amassée devant l’aéroport. J’ai pensé que le président était sur le point d’arriver et que tous ces gens étaient venus l’accueillir. Puis on m’a dit qu’ils étaient ici pour moi. Il m’a fallu plusieurs minutes pour réaliser que c’était vrai, car je n’avais jamais reçu un tel accueil. J’étais très surprise. Agréablement surprise», confie l’actrice.
«Saas Bahou»
Ce 26 janvier 2010, des dizaines de milliers de Sénégalais criaient ou chantaient, des portraits de leur star à la main ou drapés dans un sari «Vaidehi» aux couleurs de l’Inde, pour recevoir celle qui avait fait chavirer leur cœur. Pallavi Kulkarni a incarné, pendant 52 épisodes de 23 minutes, le rôle d’une jeune femme qui combat les complots de sa belle-famille et résiste à ses humiliations et violences. Une lutte familiale tellement ancrée dans le quotidien des Indiennes que cela a fait naître un style à part de séries du petit écran, appelées «Saas Bahou» – «belle-mère, belle-fille».
Tourné en 2006 à Bombay, le feuilleton Vaidehi (un des noms donnés à la déesse Sita, l’épouse de Ram) a d’abord connu un certain succès en Inde. Puis il a été doublé en français où il est parti embraser le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Pallavi Kulkarni s’est également rendue à Abidjan, où l’enthousiasme des fans était encore plus délirant qu’à Dakar. «Le personnage de Vaidehi que j’ai interprété était très fort et combattif. Cette femme se battait pour ses droits et n’acceptait pas l’injustice que lui faisait subir sa belle-famille ou son mari. Et je pense que ce message a résonné de manière très forte auprès de ce public, et surtout les femmes, qui doivent passer par des expériences similaires», explique-t-elle.
Les femmes ne sont pas des objets
«Vaidehi a montré que les femmes ne sont pas des objets, confirmait alors une étudiante sénégalaise de 18 ans venue attendre Pallavi à Dakar, dans une interview à l’agence Reuters. Les femmes sont précieuses et elles doivent être préservées». Les violences domestiques sont courantes dans les pays d’Afrique de l’Ouest, mais rarement rapportées à la police. Une frustration que ce genre de série peut venir alléger. Dans un épisode marquant, la belle-sœur de Pallavi, Vaidehi, est ainsi abandonnée par son mari après avoir révélé qu’elle avait été violée.
Ce message social semble avoir survécu à la doublure en français, qui enlève beaucoup de force aux dialogues et à l’écart culturel entre une Inde hindoue et des pays à majorité musulmane. Pour les fans du feuilleton, les similarités entre l’Inde et l’Afrique demeurent nombreuses, particulièrement l’importance accordée à la famille et à la religion. «Nous avons les mêmes valeurs, nous nous habillons de manière ressemblante, nous sommes des peuples spirituels et c’est ce que nous voyons par cette série», commentait le parolier sénégalais Salomon Mbaye, lors de la visite de Pallavi Kulkarni.
«Ne m’aime pas autant»
Après cette célèbre série célèbre, l’actrice a mis sa carrière d’actrice entre parenthèses pendant près de 7 ans pour se consacrer, justement, à sa vie familiale. Pallavi Kulkarni a épousé un homme d’affaires du milieu de l’immobilier, Mihir Nerurkar, avec qui elle a eu un garçon, appelé XXX, né en 2012. Pendant cette période, l’ancienne mannequin au visage radieux a joué dans des publicités. On ne lui proposait pas de rôle intéressant, explique-t-elle.
Jusqu’à cette année 2015: elle vient en effet de terminer à Bombay les enregistrements de la première saison de la série Itna Karo Na Mujhe Pyaar «Ne m’aime pas autant», sa 4ème série, qui relate la vie d’un couple divorcé se rapprochant à nouveau dans l’intérêt de leurs deux enfants. Un thème assez moderne dans un pays où le divorce n’est pas encore totalement accepté. «Je voulais incarner un personnage mûr», commente l’actrice de 34 ans.
La romance entre Pallavi Kulkarni et l’Afrique n’est pour autant pas terminée. 95% des 16.300 abonnés à son groupe de fans sur Facebook sont originaires d’Afrique de l’Ouest, affirme-t-elle. Sur cette page, les commentaires des récentes publications, autour de sa série en hindi, sont toutefois uniquement laissés par des Indiens. Mais le continent occupe toujours une place particulière dans le cœur de «Vaidehi»: «J’ai reçu de nombreuses propositions pour faire des films en Afrique et en français, raconte Pallavi Kulkarni, mais cela est secondaire. Ce que j’aimerais, c’est m’impliquer en faveur des Africains et des femmes en particulier. Car ce n’était pas seulement des fans qui m’ont accueillie. Ce que j’ai reçu, c’est de l’amour et de l’affection. Ces millions de sourires, cette chaleur ont laissé en moi une marque qui restera gravée pendant toute ma vie».