Déjà 17 ans! Peut-être un nouvel espoir de justice pour le journaliste burkinabè Norbert Zongo assassiné il y a 17 ans avec trois autres personnes alors qu’il enquêtait sur la mort du chauffeur du frère du président Blaise Compaoré. En 2006, les autorités judiciaires avaient prononcé un non-lieu. Mais en mars dernier, la procédure judiciaire a été relancée. Parmi les avancées, l’inculpation de trois militaires pour leur rôle présumé dans la mort du journaliste. La justice burkinabè a inculpé trois soldats de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle, aujourd’hui dissous, dans l’enquête sur l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, retrouvé calciné dans sa voiture avec trois de ses compagnons en 1998. Ces trois suspects présumés sont aussi inculpés dans l’affaire Sankara. Le juge d’instruction a convoqué les parties mercredi pour faire un point sur l’enquête, dont Me Benewende Sankara, avocat de la famille de Norbert Zongo. « Ces trois hommes étaient déjà impliqués dans l’assassinat de David Ouedraogo, le chauffeur de François Compaoré, frère cadet de Blaise Compaoré, précise l’avocat. Ils sont également impliqués dans l’assassinat du président Thomas Sankara. Ce sont des éléments du Régiment de sécurité présidentielle. Il ressort également du point fait par les juges d’instruction que plus d’une dizaine d’auditions ont été faites et on a retrouvé l’épave du véhicule qui a été utilisé. Je ne saurai vous dire exactement où, mais nous avons vu les photos de l’épave (… ) donc c’est un élément, c’est une pièce maîtresse du dossier. Mais ce qui est important, c’est surtout les inculpations puisque ça permet de continuer les interrogatoires. » Savoir qui a donné l’ordre Un nouveau pas vers la vérité, pour Me Sankara, qui appelle les Burkinabè à maintenir la mobilisation, tout en faisant preuve de patience car l’enquête pourrait prendre encore du temps avant d’aboutir. « Avec ces inculpations, on a des pistes très sérieuses pour aboutir peut-être à d’autres inculpations. Mais ce qui nous intéresse, c’est surtout la manifestation de la vérité à terme, rappelle-t-il, puisque c’est un dossier dont nous fêtons déjà les 17 ans. J’ai personnellement confiance, maintenant la question c’est : à quand la justice ? Il faut maintenir la pression, il faut maintenir la mobilisation populaire, mais d’un autre côté, il faut aussi des garanties au niveau de l’instruction pour que le dossier avance sereinement. Maintenant c’est un dossier qui prend beaucoup d’ampleur parce qu’il y a beaucoup de ramifications, beaucoup d’implications et le problème ce n’est pas le menu fretin de ces soldats qui ont exécuté : il faut aller jusqu’aux complices, jusqu’aux commanditaires et savoir qui a donné l’ordre. » Selon Me Sankara, le juge d’instruction a aussi annoncé que depuis mercredi dernier, l’Etat burkinabé avait procédé au règlement de l’indemnisation de 233 millions de francs CFA aux familles, en exécution de la décision de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, rendue en juin dernier.