Le concours de Miss Italie fait partie des coutumes de l’Italie, dont il a su, édition après édition, raconter les transformations et les changements. Voici l’histoire d’Osaremen Sarime »Mangano, fascinante italo–nigériane de 24 ans, qui a participé à Miss Italie avec le numéro 21 et la banderole de « Miss Rocchetta Bellezza Piemonte et Valle d’Aosta ».
Osaremen Sarime Mangano a vécu à La Salle jusqu’à 6 ans, avant d’aller à Vigevano, en Lombardie, où elle vit actuellement. Mais elle a aussi des origines du sud de l’Italie: son père, Maurizio Mangano, était sicilien, lié apparemment à Vittorio Mangano, le fameux palefrenier d’Arcore, la villa de Silvio Berlusconi.
Son histoire est déchirante: «Je suis née en Val d’Aoste et ce n’est que maintenant que j’ai pu rencontrer ma mère nigériane; dans la famille, on ne l’avait pas acceptée. Ils me disaient: « Elle t’a abandonnée! »».
Sarime révèle des détails « touchants » de sa vie: la perte de papa à l’âge de 6 ans, dans des circonstances mystérieuses (on parle d’assassinat, ndlr) et l’éloignement de Maman Rita par certains parents. «Elle a dit qu’on ne lui a même pas permis d’aller à l’enterrement de mon père et on lui a fait signer une renonce à l’autorité maternelle. Ainsi mon frère et moi sommes allés chez nos oncles, à Vigevano. Au début, ils nous ont dit que maman était morte mais, à la fin, nous avons découvert qu’elle était à Biella et, il y a quelques mois, nous avons pu la retrouver».
L’histoire est encore plus triste considérant le climat de fermeture et méfiance de ces années-là, surtout dans la réalité provinciale où elle est née et a grandi. «Depuis la maternelle, je sais ce que c’est le racisme», poursuit avec un voile de tristesse Sarime. «On m’appelait « guenon! », « négresse de merde! »…».
Des préjugés difficiles à effacer, même après 20 ans. Sur Facebook, Sarime reçoit les félicitations et les messages d’affection, mais aussi les offenses, insultes et injures… Comme ceux de Francesco, qui écrit: «Ce n’est pas du racisme mais le fait qu’une femme noire puisse devenir Miss Italie m’inquiète beaucoup; à une époque où certaines classes italiennes sont constituées principalement d’étrangers et non d’enfants italiens, où il y a une invasion des Africains sur nos côtes, il ne semble pas opportun que puisse gagner une étrangère!»
Des mots qui font regretter qu’il n’existe pas le bouton « Je n’aime pas », pour faire piger au Francesco du moment combien sont inopportunes, inappropriées et malvenues certaines considérations. Et pourtant Sarime ne se trouble par à répondre pas à ces délirantes balivernes. Du reste, le racisme lui est malheureusement familier puisqu’elle l’a vécu depuis l’enfance.
«Dix-neuf ans après Denny Mendez (italo-équatorienne, première femme noire à décrocher le titre de la plus belle d’Italie, en 1996, ndlr), si je gagnais, ça ferait encore beaucoup plus de boucan», affirmait à la finale de Miss Italia, la géomètre Sarime, qui aujourd’hui fait la Dj dans des boites de sa zone de résidence.
«Malheureusement, le racisme existe toujours, je l’ai vécu sur ma peau depuis mon enfance tout en étant pourtant à 100% italienne. Je suis habituée à être appelée « négresse » et entendre les gens dire que je ne suis pas italienne, alors que je n’ai même jamais mis pied au Nigeria. Mais, à la fin, ce que j’ai vécu m’a permis d’être meilleure. Grace à Miss Italie, je veux me réaliser, faire quelque chose de grand. Je suis absolument déterminée, et quand Denny m’a écrit qu’elle me supportait, j’étais la plus heureuse du monde».