Des épices, des fruits et légumes, des jus de fruits, des pâtisseries… La supérette Good Price de Colombes (Hauts-de-Seine) contient des produits divers, mais pas d’alcool ni de porc. Pour cette raison, elle pourrait mettre la clé sous la porte, le bailleur, Colombes Habitat Public (CHP), l’accusant de ne pas respecter les conditions spécifiques du bail, à savoir une « alimentation générale ».
Alerté par des habitants, le bailleur social municipal a déposé au Tribunal de Nanterre, un recours de résiliation du bail qui court jusqu’en 2019.
«Originellement, c’était un Franprix qui vendait de tout. Sans arriver au terme du bail, le gérant a cédé à un repreneur, ce qui est tout à fait légal. Mais il faut que la nouvelle enseigne respecte les conditions spécifiques du bail à savoir une alimentation générale. Juste avant que le local n’ouvre au public, une banderole sur le fronton annonçait ici bientôt une boucherie halal. Nous sommes allés voir le notaire pour spécifier que les normes n’étaient pas les mêmes et que le bail prévoyait une alimentation générale», explique le Directeur général de CHP, Olivier Virol. qui considère que cette supérette est «communautariste à cause de ce qu’on n’y trouve pas (porc et alcool) mais aussi à cause de ce qu’on y trouve : de la viande à 95 % halal et des tapis de prière». Il souligne avoir demandé au gérant d’installer un rayon d’alcool et de charcuterie pour répondre aux attentes de la population du quartier, qui ne peut pas forcément se rendre jusqu’au Leclerc.
Le responsable de Good Price, Soulemane Yalcin, se défend de tout communautarisme. «Je fais du commerce, je regarde autour de moi et je cible ce qui peut s’y vendre», déclare t-il au Parisien. «Le bail prévoit alimentation générale et activités connexes. Tout dépend de la façon dont on interprète les activités connexes».
Concernant l’alcool, le gérant avance l’argument sécuritaire. «Tous les magasins qui vendent de l’alcool sont confrontés à des problèmes de sécurité». Il évoque également des pertes au rayon charcuterie. «En tant que commerçant, on essaie de viser une clientèle de masse. Tant pis si ça déplaît à une petite partie de la population».
L’affaire devra être examinée par le tribunal le 13 octobre prochain.