Le 12 octobre, le Parlement burundais a adopté au cours d’une procédure accélérée un projet de loi qui retire le pays de la CPI (Cour Pénale Internationale). Une décision prise après la sortie d’un rapport d’experts de l’ONU accablant sur de graves violations des droits de l’homme et la création d’une Commission internationale d’enquête par la Cour des Droits de l’Homme.
Les choses sont allées très vite. 94 voix pour, 2 contre et 14 abstentions. L’Assemblée nationale a voté massivement pour le retrait du traité de Rome de la Cour pénale internationale mercredi matin. Puis dans la foulée, ce texte s’est retrouvé deux heures à peine plus tard devant les sénateurs burundais, qui l’ont adopté à l’unanimité.
Ce qui va faire du Burundi le premier Etat du monde à se retirer de la CPI.
Des organisations des droits de l’homme voient le retrait du Burndi de la CPI comme une volonté de la part de nombreux responsables burundais, épinglés pour leur responsabilité dans les violations massives des droits de l’homme dans de ce pays, d’échapper à la justice internationale.
Le pouvoir du président Pierre Nkurunziza nie bien sûr, parlant au contraire de défense de l’indépendance nationale contre un complot international qui veut faire tomber un pouvoir élu par le peuple.
Le Burundi constate que la Cour pénale internationale est devenue un instrument de pression sur les gouvernements des pays pauvres ou un moyen de les déstabiliser.
La plateforme de l’opposition CNARED a appelé la « communauté internationale » à intervenir pour «sauver le peuple burundais. Pour nous, au niveau du CNARED, la CPI a le droit et le devoir d’intervenir au Burundi et il est du devoir de la communauté internationale, de la solidarité internationale, de protéger un peuple en danger», exhorte Pancrace Cimpaye, le porte-parole du CNARED.
Quelques jours après le Burundi, ça a été le tour de l’Afrique du Sud de se retirer elle aussi de la Cour Pénale Internationale, dans une lettre adressée aux Nations unies où Pretoria explique les raisons d’une telle décision.
L’Afrique du Sud y estime que «ses obligations au regard de la résolution pacifique des conflits étaient parfois incompatibles avec l’interprétation donnée» par la CPI.
Conformément à la procédure, le retrait sera effectif un an après que les Nations unies ont reçu notification du retrait.
En 2015, le gouvernement sud-africain avait permis au président soudanais, en visite dans le pays, d’échapper à une arrestation de la CPI. Ce qui lui avait valu de vives critiques des organisations de défense des droits de l’homme.
Omar el-Béchir avait quitté l’Afrique du Sud, à la fin d’une réunion de l’Union Africaine (UA), alors qu’un juge sud-africain, muni d’un mandat d’arrêt de la CPI, cherchait à le faire arrêter.