Les autorités marocaines ont interdit la commercialisation et la confection de la burqa dans tout le pays; décision ordonnée oralement ou par écrit aux commerçants.
Un geste fort qui avait été condamné par des leaders salafistes marocains, mais aussi critiqué par certains défenseurs des droits de l’homme qui y voyaient une atteinte aux libertés individuelles. Contre-productive pour les uns, liberticide pour les autres, si l’interdiction de vente et de confection de la burqa a été critiquée par une partie de l’opinion, Najwa Boukouss, militante de la cause féminine, elle, salua la décision.
«Elle va dans le bon sens. Je puis même avancer que je suis pour l’interdiction du port même de tout ce qui peut cacher l’identité d’un individu, homme ou femme, dans un espace public, . C’est une menace à notre sécurité, c’est une menace à notre respect», a-t-elle expliqué.
Le Maroc n’a pas officiellement interdit le port de ce type de voile intégral. Une chose est sûre, les circulaires officielles diffusées sur Internet parlent bien du vêtement afghan burqa, mais difficile de savoir si la mesure concerne aussi un autre voile décrié, le niqab, cette longue robe noire masquant entièrement le visage.
Un phénomène vestimentaire nouveau, selon Najwa Boukouss.
«Même dans les années 1990, on ne voyait pas des gens dans les magasins qui vendaient ou des couturiers qui fabriquaient cette burqa ou niqab. On ne le voyait pas, c’est une culture récente par rapport au Maroc, qui n’a rien à voir avec sa culture ou son identité», affirme-t-elle.
Les autorités avaient donné 48 heures aux commerçants pour se débarrasser de leur stock de burqas.
Cette mesure éminemment symbolique renforce l’image d’un Maroc à l’islam tolérant, dont les institutions se posent en adversaire déclaré au fondamentalisme religieux.
Le Maroc invoque des raisons sécuritaires. Ahmed El Haij, président de l’Association marocaine des droits de l’homme acquiesce cette interdiction à demi-mot.
«Nous, on considère que le choix de son habillement dépend du choix de la personne, donc l’État ne peut pas intervenir sur ce plan-là parce que l’habillement est un droit qui relève des libertés individuelles. Sauf que si ces vêtements peuvent cacher le visage de la personne, cela peut être nuisible à l’ordre public et cela peut affecter les libertés des autres personnes parce qu’on a maintenant cette phobie d’être avec quelqu’un qu’on ne pas reconnaître et qui peut présenter pour nous une menace», précise-t-il.