Il y a quelques jours, un chauffeur de bus scolaire à San Donato Milanese a mis le feu au véhicule, pendant que 51 élèves étaient à bord. Cette affaire dramatique, heureusement conclue sans dommage à personne, a ressorti la discussion sur le « ius soli », qui avait été interrompue avant les dernières élections.
Luigi Di Maio, vice-premier ministre et leader politique du M5S, a accepté de donner la nationalité italienne à Rami, le petit égyptien né à Milan, qui a sauvé les compagnons du bus détourné, sauf ensuite réitérer que le « ius soli » «ne fait pas partie du programme, ni de l’agenda du gouvernement».
Le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, lui aussi vice-premier ministre ainsi que leader politique de la Lega, partage la même ligne et affirme qu’il n’est pas question de rouvrir le discours du « ius soli », ajoutant que «c’est un discours à laisser à la gauche». Cette même gauche justement qui, comme tous les autres camps politiques, n’a jamais vraiment voulu approuver cette réforme.
De nombreux partis politiques nous ont souvent fait croire qu’ils voulaient porter à terme cette réforme de la nationalité italienne, mais en réalité, ils n’ont jamais vraiment voulu la faire aboutir. Il y a quelques mois à peine, le centre-gauche disposait d’une très large majorité pour faire approuver cette réforme. Mais quand est venu le moment de faire le grand pas, il n’a même pas eu le courage de la présenter au Sénat.
Les partis de droite ont tous autant eux aussi leur part de responsabilité. Pour eux, cette réforme n’est jamais une priorité. Désormais, on a l’habitude d’entendre que «ça ne fait pas partie du programme» ou que «ce n’est pas le moment opportun». Quand il s’agit des droits de l’homme et des droits civils, pour eux, les temps ne sont jamais murs. Le « ius soli » est devenu un sujet que les partis sortent du tiroir quand cela leur convient, ils en parlent un moment sans avoir vraiment envie de faire quoi que ce soit, puis le remettent dans le tiroir et tout s’arrête là. C’est un comportement erroné et irresponsable. Refuser la nationalité italienne à un million d’enfants et de jeunes nés et élevés en Italie, est simplement un acte de cruelle injustice.
L’Italie semble être une mère qui ne reconnaît pas ses enfants. Ces enfants et ces jeunes sont déjà italiens, même s’ils n’ont pas la nationalité italienne. C’est leur pays et, en effet, beaucoup d’entre eux n’ont même jamais traversé les frontières de l’Italie de leur vie. Les considérer comme des « immigrants » est une logique absurde. D’où auraient-ils émigré? Le ventre de la mère peut-il être considéré comme un état étranger? C’est triste et dangereux de faire en sorte que les enfants nés et élevés ici se sentent étrangers. Demandez-vous si vous devriez vous sentir comme un étranger chez vous. N’ayant pas la nationalité, beaucoup de droits sont refusés à ces enfants et à ces jeunes. Ainsi on limite aussi le niveau de leur participation à une société qui doit encore beaucoup croitre. Ils sont acculés. Nous ne pouvons pas nous permettre de continuer à refuser ce droit à des Italiens de facto. Ces enfants sont le présent et l’avenir de l’Italie. Il est temps d’avoir le courage de faire cette réforme une fois pour toutes. Pour rendre justice à ces enfants d’Italie.
Stephen Ogongo
(Coordinateur de CARA ITALIA)