Expert musicologue africain, pionnier de la promotion de la musique africaine en Italie.
«Bonsoir et bienvenue sur Afriki-kah!» Sékou Djabaté, présente son programme de musique africaine sur ‘Radio Città Futura’, une station de radio locale à Rome, en Italie.
Sékou Djabaté est en train de chercher la chanson qui convient («Est-ce que je prends Manu Dibango ou plutôt quelque chose de moins connu? ») tout en tripotant son ordinateur («Technico, pourquoi ça ne marche pas correctement?« ). Djabate enregistre son programme dans le plus petit studio d’une station de radio, qui a été fondée par le fils du célèbre réalisateur italien Roberto Rosselini. Né en Côte d’Ivoire, il est arrivé en Italie il y a plus de 20 ans et il présente son émission depuis 19 ans.
«Jouer de la musique de son propre pays, c’est comme partager une partie de son pays, tandis que pour les auditeurs italiens c’est comme être embarqués dans un voyage. C’est tout simplement un voyage qui amène à partager différents de types de musique africaine avec la population de Rome. J’essaie de faire entendre de la musique de tout le continent: je suis un panafricaniste. L’idée d’une Pan-Afrique me plaît. En plus, si je n’avais tourné que de la musique de mon propre pays ces 19 dernières années, ce serait devenu ennuyeux« , affirme dans toute sa sagesse africaine Sékou Djabaté, avant d’annoncer que « la chanson suivante s’intitule « Soumbou Ya Ya » et elle est d’Ali Farka Toure & Toumani Diabate. Pendant longtemps, elle a servi d’indicatif à ce programme».
Selon les derniers statistiques, environ 15.000 Africains, la plupart originaires d’Ethiopie, de Somalie et du Nigeria, vivent dans la capitale italienne. D’après Sékou Djabaté, la plupart d’entre eux écoutent son programme. «Mes auditeurs sont surtout des Africains, même si je pense que de nombreux habitants de Rome écoutent également ‘Afriki-kah’. Ils ne connaissent que 10% de la musique africaine, donc j’ai en face de moi un champ ouvert et fertile».
Plusieurs déclarations témoignenet d’ailleurs de ce fait: «J’écoute toujours ce programme. C’est un très bon programme et très important pour nous. Tous les Africains que je connais l’écoutent. », dit par exemple Touré (43 ans), originaire de Côte d’Ivoire, auquel fairt écho un autre de ses compatriotes, Lanciné: «La musique est très importante pour nous, c’est notre culture. Pour ceux parmi nous qui vivent en Occident, c’est une façon de rester en contact avec le pays, une façon de se sentir proche de ses racines et de sa culture. C’est bon de savoir ce qui se passe dans le domaine de la musique en Afrique. J’apprends des choses».
«Un programme comme Afriki-kah est capable d’attirer un grand nombre de gens à Rome qui écoutent la radio le samedi soir« , dit le directeur musical de ‘Radio Città Futura’, Fabio Luzietti.
«Afriki-kah signifie: la voix de l’Afrique. Ce que j’essaie de faire, c’est d’amener les gens à s’intéresser à l’Afrique et à sa culture. J’essaie de donner une voix à l’Afrique. Je me considère comme un griot électronique, quelqu’un qui de façon électronique transmet le message de l’Afrique. Par exemple quelqu’un originaire du Congo entend une chanson congolaise et se rappelle du Congo, mais la chanson suivante vient du Togo, donc il apprend quelque chose sur le Togo. C’est ça mon message», dit encore Sékou Djabaté alors que l’émission arrive à sa fin, l’enregistrement étant pratiquement terminé.
Le maestro musicologfue met ses écouteurs et allume le micro: «C’était « Alliance » par OK Jazz, le groupe le plus important depuis l’indépendance du Congo. Le leader Franco y invite les gens à danser sur le sable. Merci de votre écoute. Bonne nuit».