Duel d’entraineurs entre le ‘maestro’ Giresse et son ‘élève’ Rohr, justicier des Marseillais?
Gabon – Mali: c’est d’abord le duel entre l’ancien et le nouvel entraîneur du Gabon. Il y a deux ans, en Angola, Alain Giresse avait dirigé les Panthères. Il a pris l’air en rejoignant les Aigles. Son successeur à la tête des Panthères est un de ses anciens coéquipiers à Bordeux, Gernot Rohr. Les deux hommes qui ont fait la paix après quelques années de brouille se sont réconciliés et oublié ce qui les avait séparés.
Non sans malice, le franco-allemand fait remarquer qu’il a, lors du premier tour, battu Eric Gerets, ex-entraîneur de Marseille, et Rolland Courbis (appelé à la rescousse d’Harouna Doula à la tête du Niger) ex-joueur et entraîneur de Marseille, et qu’Alain Giresse, après avoir quitté Bordeaux, a porté pendant deux saisons (1986-1988) les couleurs de l’OM. Jamais deux sans trois…il l’espère.
Alain Giresse, lui, assure n’avoir rien à apprendre du Gabon. Il est resté 4 années à la tête de l’équipe, sait flairer à l’avance ce que vont faire ses anciens joueurs, qu’il connaît sur le bout des doigts, leurs qualités, leurs défauts.
«S’il les connaît tous, il sait comment on joue. Alors il est favori. Cela nous arrange», lui répond Gernot Rohr, ajoutant, à propos du jeu des Aigles: «Je connais l’équipe du Mali un peu moins bien que lui connaît la nôtre. Cela lui donne un petit avantage».
Au stade de l’Amitié, ils seront 35.000 à vibrer pour les couleurs nationales, bleu, jaune et vert. Les Panthères leur ont, jusqu’à présent, délivré tant de bons moments que ce public n’imagine pas que la route se transforme en impasse au bout du quart de finale.
Si la rue gabonaise porte son équipe, les joueurs ont accompli leur mission avec un cœur énorme, beaucoup d’enthousiasme. L’équipe s’est dépassée sur le terrain, démontrant des qualités qu’on ne lui avait pas connues dans le passé. Elle a élevé son nivau de jeu avec des éléments jeunes et un Pierre-Emerick Aubameyang qui a crevé l’écran, partageant la tête du classement des buteurs avec l’Angolais Manucho et le Marocain Kharja, chacun auteur de trois buts.
Daniel Cousin revenu spécialement au pays et dans le championnat national, exigence imposée par le sélectionneur, pour être sur le terrain pendant la CAN a montré qu’à 35 ans (il les fêtera 48 heures après le quart de finale), il pouvait encore apporter sa lucidité et éventuellement son coup de griffe aux Panthères.
Les Gabonais, dotés d’un très fort mental depuis le début de la CAN Orange 2012, ont montré ce qu’ils étaient capables de faire lors du finish fabuleux de leur match de la 2ème journée contre le Maroc, allant cueillir la victoire dans les toutes dernières secondes d’un temps additionnel particulièrement long!
Les Maliens ont avancé sans faire de vagues. C’est peut-être le moment de rappeler que ce pays a connu une réussite étonnante en phases finales de la Coupe d’Afrique des Nations: finaliste en 1972 pour sa première participation; c’était les années Salif Keita, premier Ballon d’Or africain. Demi-finaliste en 1994, pour sa seconde participation, et puis encore chez lui en 2002, pour sa troisième CAN, puis en 2004 en Tunisie.
Il n’y que lors des deux dernières éditions qu’il n’a pas réussi à franchir le premier tour, en 2008 où il avait buté face à la Côte d’Ivoire et au Nigeria, et, en Angola, où il avait terminé troisième de son groupe derrière l’Angola et l’Algérie.
Si les Gabonais partent légèrement favoris, c’est parce que le 12ème homme, en l’occurrence le public, sera à ses côtés de bout en bout. Mais, attention, les Maliens n’ont rigoureusement rien à perdre.