Coup d’état au coup d’état?
Dans une allocution à la télévision publique malienne, le capitaine Amadou Sanogo a appelé les rebelles touaregs, qui progressent dans le nord du pays à «cesser les hostilités» et à «négocier dans les plus brefs délais».
L’appel intervient alors que les putschistes restent isolés internationalement et dans le pays. Une manifestation contre le coup d’État a réuni un millier de personnes dans les rues de Bamako, où l’inquiétude concernant l’approvisionnement en produits de première nécessité et en carburant semble désormais levée.
Le président sénégalais Abdoulaye Wade a téléphoné au capitaine Amadou Sanogo, qui a conduit le coup d’État malien, il y a une semaine, pour s’enquerir de la situation de son homologue malien, Amadou Toumani Touré, dont on est sans nouvelles. Le militaire putschiste a assuré qu’Amadou Toumani Touré était en bonne santé, retenu dans un endroit qui n’a pas été divulgué.
En fin de journée, le leader des putschistes, à la tête d’un Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE), est intervenu à la télévision, appelant les rebelles touaregs à cesser les hostilités et à négocier. «Tout est négociable à l’exception de l’intégrité du territoire national et de l’unité de notre pays», a-t-il dit.
Deux leaders politiques maliens, l’ancien Premier ministre, président du Rassemblement pour le Mali (RPM), Ibrahim Boubacar Keita, et Soumaila Cissé de l’Union pour la république et la démocratie (URD) ont rencontré les mutins et le capitaine Sanogo, dans des rendez-vous séparés.
Ibrahim Boubacar Keita a indiqué qu’il avait rappelé au chef des putschistes, «les conséquences que le coup d’État avait sur notre pays, y compris la difficulté qu’il y a aujourd’hui à bien conduire les opérations dans le nord du Mali. Je lui ai indiqué que toutes ces opérations seraient compromises par ce qui vient d’être décidé par les partenaires financiers du développement. La suspension de tout appui au Mali aura des conséquences fâcheuses».
Questionné sur un possible transfert de pouvoir à un gouvernement de transition dont il pourrait prendre la tête, Ibrahim Boubacar Keita a rejeté cette éventualité: «Ce n’est pas ma façon de voir les choses. Et une transition, on sait comment elle commence et on ne sait jamais comment elle finit!»
Par ailleurs, l’ancien Premier ministre voit d’un bon oeil la réunion extraordinaire de la CEDEAO (Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest) ce 27 mars, dont il attend beaucoup de solidarité et un examen attentif de la situation. Toutefois, il rejette toute intervention armée de la part de la Communauté. Pour lui, il s’agit d’abord d’obtenir un cessez-le-feu, «dans des conditions à convenir et à sécuriser».
Pour les États-Unis, ce qui s’est passé avec les mutins, c’est complètement inacceptable. Il faut que le Mali retrouve la constitutionnalité. C’est dommage franchement parce qu’après 20 ans de démocratie et de bonne gouvernance, d’avoir un capitaine et ses putschistes de faire quelque chose comme ça. C’est complètement inacceptable.
Tout le monde, toute la communauté internationale est contre ce qui s’est passé. On peut faire quelque chose. Ce n’est pas trop tard pour jeter les putschistes. On attend toujours les élections. Il faut avoir les élections pour avoir un leader qui peut entrer dans les négociations avec les touaregs. Sans un gouvernement légal, constitutionnel, ce n’est pas possible d’avoir les négociations avec les touaregs