Accord hetero…gène?
Le groupe pharmaceutique francais Sanofi a passé un accord avec le fabricant indien de médicaments génériques Hetero, afin de fournir des traitements anti-sida à bas prix en Afrique du Sud, le pays le plus touché au monde par la pandémie.
Il s’agit d’un partenariat rare, car les laboratoires occidentaux voient généralement d’un mauvais oeil l’industrie pharmaceutique indienne, dont les médicaments à bas prix concurrencent de facto leurs propres productions.
Si l’accord conclu entre Sanofi et Hetero vise avant tout à répondre à l’objectif du gouvernement sud-africain, de produire localement 80% des traitements anti-rétroviraux distribués dans le pays, il constitue aussi un exemple rare de partenariat entre des laboratoires occidentaux et indiens.
Parmi les premiers producteurs de médicaments génériques au monde, l’Inde est en effet mal perçue par les groupes pharmaceutiques européens et américains, qui n’arrivent souvent pas à y faire valoir leurs brevets.
Le Suisse Novartis notamment, se bat depuis des années, pour tenter d’obtenir un brevet sur l’un de ses médicaments anti-cancéreux, sans succès jusqu’ici, car la législation indienne interdit de breveter une nouvelle version d’un médicament existant, si celle-ci ne présente pas de différence majeure, en termes d’efficacité thérapeutique, ce qui n’est pas le cas dans les pays occidentaux, où les laboratoires peuvent donc étendre leurs brevets à volonté.
L’accord Sanofi-Hetero prouve cependant, que lorsqu’un client a besoin de générique, un grand laboratoire occidental peut faire confiance aux Indiens pour assurer la production. Une tendance qui pourrait s’accentuer, puisque la part des pays en développement dans le marché pharmaceutique mondial ne cesse d’augmenter.