La Pierre… de la discorde?
La situation du pays s’aggrave et des tensions règnent au niveau politique. Les partis d’opposition contestent toujours les résultats des élections de 2010. Ils refusent la révision d’une loi mise en place par le gouvernement actuel, régissant les partis politiques burundais. La société civile appelle au consensus pour asseoir la démocratie dans le pays.
Depuis 2010, les partis politiques qui se sont retirés de la course électorale sont en conflit avec le pouvoir. Ils sont réunis au sein de l’ADC-Ikibiri (Alliance des démocrates pour le changement) en laissant la place à l’actuel parti présidentiel, le CNDD-FDD (Conseil national pour la défense de la démocratie – Forces pour la défense de la démocratie). Aujourd’hui, on compte 44 partis politiques pour 8.5 millions d’habitants.
En 2011, l’Assemblée nationale adopte une série de lois décrétant entre autres qu’un parti politique doit réunir un minimum de membres fondateurs provenant des 17 provinces du pays. Selon le gouvernement, ces lois faciliteront le dialogue politique. Un dialogue qui doit se faire dans des cadres légaux en excluant toute forme de violence.
Mais pour l’ADC-Ikibiri, ceci « est une manoeuvre du pouvoir pour rayer de la liste les partis politiques d’opposition« , dit Chauvineau Mugwengezo, porte-parole de l’ADC-Ikibiri. Selon lui, il s’agit d’une tentative du pouvoir d’instaurer un Etat à parti unique.
La société civile fait savoir que la loi sur les partis politiques doit respecter la vraie démocratie. « Un équilibre est nécessaire des deux côtés », dit Pacifique Nininahazwe. Pour le délégué général du Forum pour le renforcement de la société civile, l’exemple de l’Angleterre est clair: l’opposition et le parti au pouvoir doivent être respectés de la même manière. La loi en question devrait être une lumière pour tous les partis politiques et non un piège.
Ainsi, les tensions entre les partis d’opposition et le parti au pouvoir perdurent. Avec, pour résultat, que le rendez-vous du 10 mars 2012 pour le dépôt des dossiers complets des partis politiques n’a pas été respecté.
Seuls 24 des 44 partis ont rempli les formalités de conformité à la nouvelle loi, un chiffre insignifiant selon le ministre de l’Intérieur. Edouard Nduwimana a donné une prolongation qui s’achèvera le 1er juillet 2012, pour permettre aux 17 partis politiques non cités de le faire.
Face à la résistance des partis de la coalition ADC-Ikibiri, le ministre de l’Intérieur a précisé que les partis politiques qui ne seront pas en ordre après la date buttoir du 1er juillet auront affaire à la justice.
« La Cour suprême sera saisie pour statuer sur les cas de non-conformité« , avertit Edouard Nduwimana.