Ndombe est tombé!
Ancien d’Afrisa, du TP OK Jazz et de Bana OK, le défunt est mort à l’âge de 68 ans. Il laisse plusieurs orphelins. Deux de ses enfants, Baby Ndombe (ancien de Wenge Maison Mère), sont aussi des disciples d’Orphée.
L’artiste musicien Ndombe Opetun est décédé chez lui à Bandal, rue Kisantu, d’un malaise subit en fin d’après- midi. Ndombe était interné dernièrement à la Clinique Ngaliema. Il y a passé deux semaines. Aussitôt alerté, Lutumba Ndomanueno, le numéro un de Bana OK, est descendu à Bandal pour s’occuper des formalités du transfert du corps de son proche collaborateur à la morgue de la Clinique Ngaliema.
Paul Ndombe a vu le jour le 21 janvier 1944 à Bagata, province de Bandundu. Ses études secondaires terminées, Ndombe entre dans l’administration publique. Il est fonctionnaire au ministère du Plan à Kikwit. Entre-temps, il fourbit ses armes dans l’orchestre «Select Jazz», et plus tard dans «Fiesta» de Kikwit.
Dans cette ville, on parle en bien du fonctionnaire mélomane. Tabu Rochereau est l’idole de ce chanteur en herbe promis à un bel avenir. Nous sommes dans la seconde moitié des années ’60 . Ndombe passe ses vacances dans la capitale. Il en profite pour intégrer l’African Fiesta National de Tabu Ley. Ses premiers pas dans cet orchestre sont prometteurs.
«Hortense» est l’une des premières chansons de Ndombe. En 1970, Pascal Tabu, Kare, Biolo, Ndombe… se produisent à l’Olympia de Paris pendant un mois. Ils récoltent un immense succès. Ils sont les premiers noirs du Sud du Sahara à se produire dans ce célèbre music hall. De retour au pays, Michelino, Atel, Emponpo, Seskain Molenga…. boudent.
«Où sont parties les sommes mises à notre disposition par Mobutu, via, ses plus proches collaborateurs?», ne cessent-ils de maugréer en privé. Une réunion se tient pour recréer l’harmonie au sein du groupe. Rochereau tonne, ses poulains le laissent parler. A la fin de la réunion, les «frondeurs» décident de créer l’orchestre Afrizam.
Beya Maduma «Morro Maurice», Atel, Ndombe….connaissent un réel succès. Quatre ans plus tard, « Afrizam » devenu « Makinaloka » se désintègre. Ndombe est dans le doute.
Nous sommes vers le milieu des années 70. Luambo Makiadi veut imprimer une nouvelle orientation à son groupe, l’OK Jazz. Et pour y arriver, il fait des clins d’oeil aux ténors du style fiesta. Ndombe mord à l’hameçon. Wuta May, Djosky, Sam Manguana, Nedule… répondent présents, à l’appel de Luambo.
Dans l’OK Jazz, Ndombe va se signaler avec des chansons comme «Nzela ya Bandundu», «Youyou», «Mokolo nakokufa, nayebi ndenge bakolela ngai», Mashata…. qui se vendent comme de petits pains. Véritable pigeon voyageur, il quitte l’OK Jazz et réintègre un moment l’Afrisa. «Ce jour-là, Franco, désabusé, regarde la télé et voit Ndombe raconter qu’il rentre aux côtés des siens», se rappelle un des proches de Luambo.
Vers 1982, Ndombe, Manguana, Empompo… créent l’orchestre « Tiers Monde Coopération ». A cette époque, il compose «Mbuta». Ndombe va revenir quand même plus tard dans l’OK Jazz et y restera jusqu’à la disparition de Luambo Makiadi en 1989.
L’après Franco ne sourit pas beaucoup à Simaro et consorts. Après des débuts euphoriques, la famille biologique du défunt se brouille avec la bande à Lutumba. Les deux parties ne sont pas d’accord sur la quotité des dividendes à rétrocéder à la famille. Ndombe, Djosky, Makoso font bloc avec Lutumba et créent le « Bana OK ».
Compositeur intarissable, il fait sensation avec «Chance ya mondele», «Esakola ya mawa», «Male», «Tekele»…. Il est désigné par ses pairs président du Conseil d’administration de la Soneca, mais ne restera pas longtemps à sa tête. A la faveur du voyage de Bana OK en Europe à la fin des années ’90, Makoso, Djosky, Elba, Olivier Tshimanga, Lokombe… en profitent pour rester en Occident. Ndombe et Lutumba préfèrent rentrer au pays.
Mais depuis quelques années, l’étoile de cet artiste a déjà pâli. La preuve est que Ndombe, entré au studio , il y a plus de 4 ans, n’est pas parvenu à finaliser les travaux d’enregistrement de son nouvel album. Entre temps, le ministre Kambale l’avait appelé dans son cabinet comme conseiller culturel. Jeannette Kavira l’a maintenu à ce poste.
«Ma voix est naturelle. Je n’aime pas la forcer. C’est ainsi que je tiens encore le coup. Manguana est un grand chanteur que je respecte beaucoup. Mais je n’ai pas de complexe envers lui», a dit un jour Ndombe, qui a composé une centaine d’oeuvres musicales.
Baby Ndombe a honoré dernièrement son géniteur en interprétant ses oeuvres. On espère qu’il va continuer.