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COTE D’IVOIRE: Auditions des pro-Gbagbo : Ils n’attendaient que ça

Qui perd la guerre… galère!

Les premières auditions d’une quinzaine de responsables et de militants de l’ancien régime ivoirien ont commencé, le 31 mai.


Au premier rang de ceux qui vont devoir répondre aux questions des juges d’instruction se trouve Pascal Affi N’Guessan, qui n’est autre que le président du Front populaire ivoirien (FPI) et un ancien Premier ministre. Cela fait plus d’un an qu’ils ont été incarcérés après la guerre qui a opposé le camp de l’actuel président, Alassane Dramane Ouattara (ADO), à celui de Laurent Gbagbo et qui s’est soldé par la reddition de ce dernier et par plus de 3.000 morts.

Ça fait 13 mois que ces thuriféraires du précédent pouvoir croupissent derrières les barreaux, au point que certains disent qu’ils sont des prisonniers de guerre. C’est maintenant une véritable action judiciaire qui est mise en branle, et quelque part on ne peut que se féliciter de l’évolution légale de cette affaire politique. Désormais en effet, les intéressés peuvent savoir de façon claire ce qui leur est reproché, et leurs avocats pourraient connaître du dossier pour organiser en conséquence leur défense.

Si, à l’issue d’une instruction à charge et à décharge et d’un procès équitable, ils sont reconnus coupables de ce dont on les accable, la rigueur de la justice pourrait alors s’abattre sur eux en toute légalité. Cela dit, la question de l’opportunité politique ne cesse jamais de se poser. Parmi les chantiers les plus difficiles d’ADO figure la reconstruction humaine, qui commence par la réconciliation et la paix des cœurs ; malheureusement, force est de reconnaître que Charles Konan Banny, le président de la Commission dialogue vérité et réconciliation (CDVR), patauge dans les eaux encore glauques de la lagune Ebrié, et malgré cette évolution judiciaire, positive quoiqu’on dise, le camp des perdants peut penser que c’est la justice des vainqueurs qui est en branle comme c’est souvent le cas après de nombreux conflits.

Si on ajoute à cela le transfèrement de Laurent Gbagbo à la Haye en attendant son procès, on peut imaginer le sentiment qui est celui de ses troupes. Tout compte fait, c’est l’éternelle querelle entre la justice et la paix, consécutive aux crises analogues à celle que vient de traverser la Côte d’Ivoire, qui est posée : la question se pose en effet toujours de savoir s’il faut sacrifier la première sur l’autel de la seconde au risque de perpétuer l’impunité, qui est bien souvent un des vecteurs des soubresauts socio-politiques.

Abdou Karim Sawadogo

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