Que cachent ces crashs?
C’est dans un indescriptible chaos que les sauveteurs nigérians sont intervenus dimanche 3 juin dans le quartier populaire de Lagos sur lequel venait de se cracher un Boeing de la compagnie Dana Air qui, dans sa chute, a heurté de plein fouet un immeuble de deux étages et une église, avant de s’embraser au milieu des habitations.
Le bilan, ce lundi 4 juin, est encore incertain et s’élève à au moins 153 morts, comprenant les passagers et les membres de l’équipage. Le président nigérian Goodluck Jonathan a décrété 3 jours de deuil national.
L’avion volait à très basse altitude et le bruit du réacteur était assourdissant, racontent les témoins qui ont vu l’appareil s’écraser quelques minutes plus tard sur le quartier résidentiel d’Iju. Très vite, une épaisse fumée noire a envahi tout le quartier et les flammes étaient visibles à plusieurs centaines de mètres. Avec le choc, l’appareil s’est disloqué, une des ailes et la queue ont été arrachées de la carlingue. Autour, plusieurs voitures ont également brûlé.
Les badauds ont afflué par milliers sur place, ce qui a compliqué le travail des pompiers et des ambulanciers. Des témoins ont fait état de scènes de panique. Plusieurs corps carbonisés ont été retirés des décombres de l’immeuble détruit.
La compagnie domestique Dana Air a débuté ses activités en novembre 2008 et est aujourd’hui l’une des principales compagnies nigérianes, alignant une flotte d’appareils de type MD-83, selon son site internet. Ses avions relient quotidiennement les villes d’Abuja, Calabar, Lagos, Port Harcourt et Uyo.
Samedi soir déjà, un avion cargo nigérian avait manqué son atterrissage à l’aéroport international d’Accra, capitale du Ghana, percutant un minibus et tuant dix occupants du véhicule. Les quatre membres de l’équipage, dont les deux pilotes du Boeing 727 de la compagnie Allied Air en provenance de Lagos, ont survécu à l’accident.
Le crash de Dana Air relance la question de la sécurité aérienne au Nigeria où, malgré que depuis 5 ans, les autorités aient fait de la sécurité une de leur priorité, voyager sur les lignes intérieures reste encore souvent un jeu de roulette russe. Atterrissages d’urgence, cockpits fissurés, pannes diverses et variées nourrissent régulièrement les colonnes des quotidiens.
L’aviation nigériane souffre principalement d’un manque de moyens pour entretenir des appareils qui ont souvent plus de 25 ans d’âge. L’année dernière, des experts de l’aviation avaient tiré la sonnette d’alarme face à l’endettement massif des compagnies aériennes. Criblées de dettes et mal gérées, elles feraient des économies sur la maintenance de leur flotte.
Les compagnies aériennes ne sont pas les seules incriminées. L’autorité nigériane de l’aviation civile n’est pas non plus en mesure de remplir son rôle.
En 2009, un rapport de la Banque mondiale estimait que cette structure gouvernementale avait du mal à imposer les règles de sécurité. Selon ce document, plus de 90% du budget de l’agence passe dans le paiement des salaires, ce qui ne lui permet pas de financer les mises à niveau de son personnel ni l’achat d’équipements.