Affaire… entoxiquée?
Le président de l’association des victimes de l’affaire des déchets toxiques d’Abidjan, Charles Koffi, a été arrêté le 6 juin. Selon ses proches, il aurait été inculpé de divers chefs d’accusation, notamment dénonciation calomnieuse à l’encontre du Premier ministre, Jeannot Ahoussou Kouadio.
Le président du Réseau National pour la Défense des Droits des Victimes des Déchets Toxiques de Côte d’Ivoire (RENADVIDET-CI), Charles Koffi, a été interpellé par la police ivoirienne.
Charles Koffi était alors à la tête d’une manifestation, devant le Palais de justice d’Abidjan, et réclamait la démission du Premier ministre, Jeannot Ahoussou Kouadio, la réhabilitation du juge Juliette Dosso, qui aurait été dessaisie de l’affaire des déchets toxiques, et l’arrestation de toutes les personnes accusées de détournements de fonds dans l’enquête menée par la police économique et financière.
Pour rappel, en juillet 2011, Charles Koffi a déposé une plainte devant le tribunal de première instance d’Abidjan pour ne pas avoir reçu l’intégralité des dédommagements des victimes accordés par Trafigura. Sur un total de 22, 5 milliards CFA, environ 4,65 milliards CFA ne sont jamais parvenus aux victimes – soit 7 millions d’euros.
Charles Koffi est accusé de plusieurs chefs d’inculpation dont l’atteinte à l’ordre public, menée d’activités subversives et dénonciation calomnieuse à l’encontre du chef du gouvernement.
Cette plainte a donné lieu à une enquête de la Direction de la police économique et financière qui recommande des poursuites pour «faux, usage de faux, détournements de fonds, recel et complicité» à l’encontre de trois personnalités: Claude Gohourou, un leader estudiantin pro-Gbagbo aujourd’hui en exil, Cheick Oumar Kone, le patron du célèbre club de football de l’Africa Sports et du groupe Koneco (transferts d’argent, sécurité, tourisme), et Adama Bictogo, le ministre de l’Intégration africaine, ce dernier, démis de ses fonctions par décret le 22 mai dernier.
Charles Koffi est détenu depuis mercredi au siège de la police judiciaire à Abidjan.
«Nous avions reçu toutes les autorisations nécessaires du ministère de l’Intérieur. L’ordre de son arrestation est venu de la Primature. Il est accusé de plusieurs chefs d’inculpation dont l’atteinte à l’ordre public, menée d’activités subversives et dénonciation calomnieuse à l’encontre du chef du gouvernement», indique Jean-François Koffi, frère de Charles Koffi et conseiller juridique du RENADVIDET-CI.
Charles Koffi pourrait être transféré dans les prochains jours à la MACA (Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan). Ses soutiens tentent actuellement d’intercéder auprès du président de la république pour obtenir sa libération.