Sacré Fès-tival!
Fidèle à sa réputation de carrefour des spiritualités du monde, le Festival des musiques sacrées du monde, qui est à sa 18ème édition (8-16 juin), a donné à nouveau la parole aux différentes expressions culturelles et civilisationnelles.
Le concert inaugural, vendredi 8 juin, a été une sublime scénographie intitulée « Sois heureux un instant« , en hommage au poète spirituel et homme de science perse Omar Al Khayyam, sous la signature du réalisateur français Tony Gatlif, connu pour sa musique de films débordante d’émotions.
Cette création a réussi, de la plus belle des manières, à mettre en scène des artistes d’Asie centrale, des mondes oriental et occidental. Une belle manière de refléter les principes de tolérance et de respect, chers au Festival de Fès des musiques sacrées du monde, et de restituer quelques-uns des enseignements légués par le personnage exceptionnel d’Omar Al Khayyam.
Le lendemain, samedi 9 juin, l’ensemble hongrois Gipsy Sentimento Paganini a fait un hymne au patrimoine tsigane, communément gitan. La troupe était dirigée par Gyuszia Horvath, un violoniste hors pair qui appartient à une lignée prestigieuse de musiciens professionnels les Horvath, fidèles acteurs de cette grande tradition.
Dans la soirée, le public a applaudi Archie Shepp, grande figure du jazz et du blues noir américain, qui porte en lui l’âme de cette musique américaine.
Devant un public cosmopolite, dimanche après-midi au musée Batha de Fès, le maître égyptien de chant soufi Yassine Tuhami, a perpétué cette tradition chère au Festival des musiques sacrées du monde.
Durant deux heures, cheikh Tuhami, l’une des figures de proue de l’expression soufie dans le monde arabe et islamique, a réussi à créer une symbiose avec les spectateurs, qui ont pu apprécier la poétique des textes d’Ibn Mansour Al-Hallaj, l’éminent mystique ayant vécu à Bagdad au 10ème siècle, d’Omar Ibn Al-Farid, grand poète ayant connu le règne des Ayyoubide au Caire (1181/1265), et Abdelkrim Al-Jili, un disciple d’Ibn Arabi.
Moment phare de cette première partie des concerts du Festival, avant la parenthèse des « Nuits de la Médina », qui ont commencé lundi, des voix authentiques, dépositaires de l’héritage pluriel de la culture arabo-islamique, ont transporté dans un voyage lyrique, du Maghreb au Machreq, les chercheurs d’une face du monde autre que celle que leur impose la globalisation.
Dans une ambiance de recueillement, les gardiens du legs andalou sont allés à la rencontre des hirondelles du Delta du Nil. Et les descendants de Carthage ont invité leurs voisins d’Oran à la découverte des maisons arabes d’Alep.