Situation pré…Caire?
Le second tour de la présidentielle en Egypte a eu lieu les 16 et 17 juin derniers. Les Egyptiens ont été appelés à départager les deux candidats en lice: Mohammed Morsi, le candidat des Frères musulmans et l’ancien Premier ministre, Ahmad Chafiq.
Il y a eu plus de peur que de mal car, on redoutait que la recrudescence de la violence qui avait suivi la condamnation à perpétuité de l’ex-raïs, Hosni Moubarak et son ministre de la Justice, n’impactât négativement le déroulement du second tour qui est censé mettre fin à la transition du Conseil suprême des forces armées.
Et, ironie du sort, les Frères musulmans qui appelaient de tous leurs voeux à l’invalidation de la candidature de l’ancien cacique du régime Moubarak, en ont pris pour leur grade.
Car, la Haute cour constitutionnelle a, contre toute attente, non seulement validé la candidature de l’ancien militaire qu’ils n’ont de cesse de clouer au pilori, mais elle a aussi déclaré illégal le Parlement actuel, du reste, dominé par les islamistes.
A bon chat, bon rat ! Les frères musulmans voudraient recaler l’ex-Premier ministre qu’ils s’y prendraient autrement. Car, c’est la première fois, de mémoire d’homme, d’entendre que la candidature d’un homme politique en lice pour le second tour pose problème.
Pourquoi n’avoir pas en amont sorti l’argumentaire selon lequel aucune figure de l’ancien régime n’est autorisée à se présenter à la présidentielle ?
L’instance qui avait accepté la candidature de Chafiq n’était-elle pas au courant de l’existence de cette loi ? Ou bien est-ce une loi qui a été votée spécialement par la nouvelle constituante pour nuire à Chafiq ? A vrai dire, les Frères musulmans jouent à un jeu trouble.
Sans doute craignaient-ils un ballotage si fait qu’ils font feu de tout bois pour écarter leur adversaire. Et, il est fort à craindre que, ruant déjà dans les brancards, ceux-ci n’en viennent à contester les résultats qui sortiront des urnes. Pourtant, pour l’instauration d’un Etat démocratique, seul vaut le respect des institutions.
Ne dit-on pas que la loi est dure mais c’est la loi ? En tout cas, pour l’heure, la question qu’on se pose est de savoir si les Frères musulmans accepteront le verdict des urnes, s’il leur est défavorable.
C’est la grande inconnue. De toute façon, il faudra que soit respecté à toute épreuve le choix des Egyptiens, surtout que semblent se développer de graves soupçons de fraudes. Et peut-être que les choses se seraient davantage compliquées si la Haute cour avait invalidé la candidature de Chafiq.
BOUNDI OUOBA