Aime Bethléem!
Israël exprime sa colère et les Etats-Unis leur déception, après la décision de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture) d’inscrire le site de l’église de la Nativité à Bethléem au patrimoine mondial, une admission dans le cadre d’une procédure d’urgence lors d’une session à Saint-Pétersbourg, en Russie. La basilique de la Nativité est le premier monument situé dans les territoires palestiniens à intégrer le patrimoine mondial de l’UNESCO. Sur les 21 membres du comité qui devaient trancher, 13 ont voté pour, 6 contre et 3 se sont abstenus.
Pour parvenir à déposer le lieu de naissance de Jésus au patrimoine mondial, les Palestiniens ont dû se montrer offensif diplomatiquement parlant. La demande a été faite via la procédure d’urgence, ce qui leur a valu au départ un avis défavorable par la commission d’experts qui s’est étonnée de cette démarche habituellement destinée aux monuments dont la destruction ou des dégâts irréparables sont imminents.
Israël a réagi avec colère non pas tant à l’annonce de l’inscription du site, mais parce que cela s’est fait en utilisant une procédure d’urgence. Or, ceci pourrait signifier qu’Israël ne protégeait pas correctement le site de la Nativité et la route de pèlerinage jusqu’à présent, ce que l’Etat hébreux réfute.
Il faut rappeler que l’UNESCO est la première organisation de l’ONU qui a reconnu la Palestine comme membre à part entière. C’était en novembre dernier, lors d’une séance houleuse au siège de l’organisation à Paris. Ce même jour, la délégation palestinienne avait annoncé que l’une des premières mesures qu’elle souhaitait prendre, c’était l’inscription du site de Bethléem et l’église de la Nativité sur la liste du patrimoine mondial. C’est chose faite. Israël avait notamment fustigé l’organisation, qui était devenue selon les autorités israéliennes, une organisation politique.
Ce sont à nouveau les mêmes critiques qui ont fusé de la part d’Israël et des Etats-Unis qui ont déclaré: «Ce site est sacré pour tous les chrétiens et l’UNESCO ne devrait pas être politisée».
Il s’agit donc du premier lieu reconnu en tant que tel depuis l’admission de la Palestine au sein de l’Unesco en octobre dernier. Un jour «historique» pour les dirigeants palestiniens qui se sont félicités de ce premier acte de souveraineté sur leur territoire, pourtant occupé. Cette décision «accorde aux Palestiniens leur droit culturel à l’auto-détermination, c’est une victoire pour notre cause et la justice», a déclaré le délégué palestinien.
Le succès est diplomatique, symbolique et financier également. La basilique de la Nativité pourra désormais bénéficier de financements internationaux ainsi que d’une visibilité touristique plus importante. Par ailleurs, cette victoire obtenue par le biais du vote secret ouvre la voie à la vingtaine de sites que les Palestiniens souhaitent également déposer au patrimoine mondial de l’Unesco.
La basilique de la Nativité est l’une des églises les plus anciennes de la chrétienté mais également l’une des plus visitées. Chaque année près de deux millions de touristes se rendent sur ce haut lieu de pèlerinage.
Construite au IVe siècle, au-dessus de la grotte où serait né Jésus, la basilique a été détruite puis reconstruite au VIe siècle. Disputée, attaquée puis reprise de multiples fois au cours de l’Histoire, elle est aujourd’hui gérée par trois institutions différentes: l’Eglise orthodoxe, le patriarcat latin de Jérusalem et l’Eglise apostolique arménienne. Toutes se partagent l’administration mais malgré cela, les finances font défaut.
En 2008, la basilique est inscrite par le Fonds mondial pour les monuments (WMF) dans la liste des 100 sites les plus menacés à travers le monde. Charpente pourrie, infiltration d’eau par la toiture, l’ONG dénonce un manque flagrant d’entretien. L’autorité palestinienne s’engage alors à financer les travaux mais jusqu’ici seuls trois petits millions de dollars ont été récoltés. Les Palestiniens espèrent donc, à présent, que la basilique s’ajoutera bientôt à la liste des 37 sites reconnus en péril par l’Unesco, parmi lesquels se trouve déjà la vieille ville de Jérusalem.