Tombouctou tombée sous les… tombeurs de tombes?
Les habitants de Tombouctou sont sous le choc. Les islamistes, qui tiennent cette ville dans le nord du Mali, se sont armés de marteaux et de haches pour détruire plusieurs tombeaux des grands érudits de la ville. Ils ont aussi détruit la tombe du premier président de l’Assemblée nationale, Mahamane Alassane AIdara. Le tombeau d’un autre saint avait déjà été détruit au mois de mai.
«Ils sont venus, dès cinq heures du matin, pour casser les mausolées de tous les saints qui sont au niveau du cimetière Sidi Mahmoud. Ils ont tout détruit, tout cassé: 5 à 6 mausolées au niveau de Sidi Mahmoud», raconte un habitant témoin de la scène, qui confie que la population est «vraiment très en colère parce que le mausolée c’est le symbole de Tombouctou. C’est la ville historique de Tombouctou».
Le mouvement islamiste Ansar Dine explique que détruire les mausolées est une manière de se mettre en conformité avec la charia. Il n’est pas autorisé de construire un monument sur une tombe, selon le représentant du mouvement, qui ajoute: «L’être humain ne doit pas s’élever plus haut que Dieu. Pour nous, c’est charia, charia et c’est tout! Nous, on va faire ce qui est recommandé. On ne va rien laisser. C’est ce qui est demandé dans la charia. Lorsque le prophète est entré dans La Mecque, il a dit qu’il fallait détruire tous les mausolées. C’est ce que nous répétons».
Le porte-parole du gouvernement malien a condamné énergiquement la destruction des mausolées. Hamandoun Touré précise que les auteurs de ces actes s’exposent à des poursuites au niveau national et international: «Le gouvernement dénonce cette pratique obscurantiste. Et nous avons déjà décidé de saisir la Cour pénale internationale. Nous voulons dire au monde que nous avons affaire à des terroristes qui sont sans foi ni loi. Et c’est inacceptable ». Bamako dénonce aussi « une furie destructrice assimilable à des crimes de guerre. C’est une pratique obscurantiste, qui ne ressemble à aucune religion, à aucune culture et qui erre la conscience du monde. Ce qui se passe peut être assimilé à des crimes de guerre.
La France s’est aussi exprimée sur le sujet à travers un communiqué dans lequel il est question d’un «acte intolérable». Le ministère des Affaires étrangères condamne «la destruction délibérée de mausolées de saints musulmans par un groupe islamiste extrémiste» et en appelle à la fin des violences dans le nord du Mali.